27 février 2021

Une brique dans le ventre ?? Les "Briqu'teux" l'ont dans le coeur !

Dans les années 50, la briqueterie du Touquet, “du Progrès” en raison sociale, n’avait qu’une trentaine d’années d’existence.    (L'an prochain, en 2022, elle célébrera son centenaire !)

Les gosses que nous étions à cette époque n’avaient guère beaucoup d’idées au sujet de cette usine où on cuisait des briques. 

Cependant, quelques bons souvenirs me sont restés en tête !

Je revois ces séchoirs à l’air, recouverts de bambous ou de chaume, où des briqu’teux empilaient les briques toutes molles encore pour les faire sécher au gré du vent.
Je revois ces huit colonnes pyramidales noires bitumées, dont certaines furent construites par mon grand-père Fleurice Bouquillon. 
Et cette haute cheminée ronde crachant la fumée de cet impressionnant "grand four" Hoffman dans lequel les hommes pénétraient pour empiler les briques à cuire sous le feu au charbon. 
Une voie ferrée traversait même la briqueterie pour l'approvisionnement ou les livraisons. 
 
Enfin, je n’oublie pas ces chargeurs, appelés “hommes de cour”, qui faisaient grossir les stock ou  chargeaient inlassablement les camions envoyés tout partout en Belgique pour approvisionner les chantiers.

A toutes ces images ancrées dans ma mémoire enfantine,   sont venus s’ajouter quarante années de collaboration au sein de la Briqueterie de Ploegsteert.
Retraité, je suis fier d’avoir pu ajouter ma petite pierre à l’évolution de cette impressionnante firme !

En hommage à tous ces briqu’teux, qui y ont apporté leur courage ou leur savoir-faire, j' ai dessiné deux "hommes de cour" que je baptiserai : “les Briqu’teux Inconnus” .



25 février 2021

Qu'est-ce que ça sent ?.... Ça sent la fin !

Au risque d’être ennuyeux avec le Covid, mais le premier signe des contaminés symptomatiques est, parait-il, la perte de l’odorat !

Par contre, ma mémoire olfactive ne devrait pas me faire défaut, même un demi-siècle après avoir reniflé certaines odeurs qui m’ ont chatouillé les narines. Ces senteurs n’embaument plus beaucoup, aujourd’hui, nos lieux d’espaces communs.

Au fil du temps, d’autres parfums sont apparus et se sont vulgarisés grâce à des petits cartons appelés “sent-bon”, qu’on glissait dans le... missel ! De quoi se divertir sans se faire pincer,  l’esprit entre l’épitre et l’évangile. Ooh, le péché véniel !   

Tout ça, c’est du passé, mais il y a plus grave ! Beaucoup plus grave ! Il faut affronter maintenant les odeurs des gaz d’échappement, les puanteurs des cochons entassés l’un sur l’autre  sur caillebotis,  les relents de fritures, et même les arômes bizarres des... vapoteurs.

Bref, deux images me sont restées en mémoire :  
- je vois encore cette brave vieille dame qui prise, c’est-à-dire qui renifle énergiquement une fine poudre brune de tabac qu’elle pince entre le pouce et l’index. Et hop, direct dans le nez en inspirant bruyamment.  Curieux, j’en ai senti, doucement, pour savoir comme ça pique ! Oui, et en plus,...a..aa...aaa... TCHOUM !
- je revois encore ces élégantes madames, qu'au théâtre on les appelle "Madame Chapeau"  enveloppées d’un âcre remugle de boules de mites révélant le soucis conservateur réservé aux frusques pendues dans la garde robe.

Mais, franchement, tout cela était très bien ! Pour le plaisir de revoir ces scènes,  j’ai croqué cette ambiance en vous invitant : "Sens..."...(du verbe sentir, à l'impératif)


24 février 2021

Blague à part, ou blague à tabac

Le dessin que je vous présente cette fois-ci, illustre une scène d'antan très courante  et qui ne se voit plus de nos jours, ou presque !

Gosses, nous avons souvent été témoins de gros fumeurs : l’un bourrait sa pipe, l’autre roulait une cigarette. En voyant cette dextérité,  on n’aspirait seulement avoir l’autorisation de pouvoir “faire comme les grands”. Sauf que les intrépides osaient se risquer à fumer en cachette et tenter d’... “avaler la fumer”, pour faire les costauds.

Il n’en est plus du tout pareil aujourd’hui : les fumeurs sont devenus des “pestiférés” qui ne peuvent plus empester les bistrots, les restaurants, les locaux publics, les ateliers, les... etc..
De plus, tous ces lieux leur sont interdits... pour le bien de leur santé... et celle des autres. 
Mais  pour l’état... ça rapporte gros. Alors, il lui faut pas trop interdire pour se donner bonne conscience.

Savez-vous ce qu’est le scaferlati ?
Scaferlati est le nom donné au tabac finement découpé en lanières. Il est moins utilisé de nos jours, mais existe encore commercialisé sous différentes couleurs, parmi lesquelles on retrouve un type de tombac qui fut très populaire, le gris.




La chanson “Du gris”, vous connaissez ?

Eh Monsieur, une cigarette  ---   Une cibiche, ça n'engage à rien

Si je te plais on fera la causette.  ---   T'es gentil, t'as l'air d'un bon chien

Tu serais moche, ce serait la même chose   ---   Je te dirais quand même que t'es beau

Pour avoir, tu en devines bien la cause.   ---   Ce que je te demande: une pipe, un mégot

Non pas d'Anglaises, ni d'bouts dorés    ---   Ce tabac-là, c'est du chiqué

Du gris que l'on prend dans ses doigts.  ---    Et qu'on roule

C'est fort, c'est âcre comme du bois    ---   Ça vous saoule

C'est bon et ça vous laisse un goût    ---   Presque louche

De sang, d'amour et de dégoût    ---   Dans la bouche

22 février 2021

Des convois funèbres...

Depuis toujours, les familles vivent avec beaucoup de tristesse le décès d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une soeur, d’un enfant....

Que la mort soit inopinée pour une personne en bonne santé, ou attendue pour un grand malade en fin de vie, cet événement douloureux plonge tous les membres éplorés dans un immense chagrin.

Autrefois, dans les villages, une personne presque attitrée se chargeait d’apporter ses conseils en tant que croque-mort. Elle se chargeait de déclarer le décès à l’administration communale, de faire imprimer le faire-part mortuaire, de commander le menuisier pour la mise en bière, et prévenir le curé pour la date de l’enterrement sans oublier de convoquer le cocher du corbillard.

Jadis, le cortège funèbre se déroulait suivant une tradition immuable et de laquelle se dégageait la notoriété du défunt ou son humilité.

Tandis que les cloches de l’église sonnaient la fin de l’office des funérailles, le cortège se formait en silence et sans “maître de cérémonie”.
Patiemment, ou en piaffant du pied, le cheval tractant le corbillard, attendait l’ordre du son maître, tandis que des porteurs hissaient le cercueil sur cette sombre charrette parée de tentures noires.

Aussitôt derrière l’attelage, les hommes se rangeaient en rangs de trois selon le degré de parenté avec le disparu. Ils portaient tous une bande de feutre noir au revers du la veste.
Derrière eux, les femmes, toutes de noir vêtues, se regroupaient aussi. Chapeau, manteau, tailleur, bas, souliers, tout était noir, de même que le voile qu’elles s’étaient mises sur la tête pour porter le grand deuil et cacher aussi leurs abondants pleurs.

Lorsque le convoi était prêt pour se rendre au cimetière, le curé avec deux enfants de choeur arrivèrent et se postèrent à l’avant pour ouvrir le cortège.
Selon la personnalité du défunt, une société musicale ou des portes-drapeaux pouvaient aussi précéder le clergé. Les cordons du poêle étaient confiés aux notables de la paroisse.

La marche était lente, silencieuse, pour finir dans de sourds murmures émanant des nombreux amis qui tenaient également à accompagner la famille pour assister à la mise en terre et la présentation des condoléances par de rapides ou molles poignées de mains.



19 février 2021

“ T’as des patins à roulettes ?”

On devait avoir l’âge de la communion solennelle.

Entre garçons fréquentant le collège St-Henri, cette question venait souvent sur nos lèvres. Pourquoi ? Parce qu’aux récréations, la pratique de ce “sport” était autorisée sur la grande cour. Voire encouragée.

D’abord hésitantes pour les néophytes, les premières enjambées des patineurs froussards prêtaient à rire car, les copains spectateurs s'attendaient de voir les culbutes et les chutes sur leurs derrières.

L’équilibre, en patins à roulettes, c’est comme pour le vélo : il se fait attendre, ou on l’acquière instinctivement, après quelques coups de pédales. Et nous voilà partis.

L’anecdote la plus savoureuse de ce loisir de collégien est bien celle de ces immenses rondes rassemblant tous les patineurs qui venaient s’accrocher à la chaine lors de son passage et qui tournait autour du plus costaud qui résistait à... la force centrifuge. Toujours elle.

Aux extrémités, les meilleurs patineurs, rapides et intrépides, venaient s’y ajouter mais... au prix de quelques frousses bien grisantes par la vitesse !

Au coup de sifflet de fin de récréation, on se déchaussait des patins pour les suspendre aux épaules par les lanières.

J’en éprouve encore du plaisir rien qu’en l’écrivant.

- “Dis donc, as-tu roulé en patins à roulettes ?”



18 février 2021

On était bien reçu...dans le bus !

Pour le peu que mes notions d’histoire locale sont bonnes, la ligne d’autobus reliant Ypres au Bizet doit certainement être la plus vieille de la région. Elle fut mise en route par “Jean Fait Tout”, parce que l’homme “savait tout faire”, Son nom :Jean Cousin. Pour savourer l’époque dont il s’agit, voyez cette carte postale ancienne on l’on devine l’ambiance.

Parmi les quelques voyages en autobus, en passant devant le Mémorial et par la côte de Messines j’ai surtout retenu... la présence du Receveur dans le bus.

Comme le conducteur à qui il était interdit de parler, ce monsieur, qui allait et venait dans l’allée du car, avait de la classe. Coiffé d’une casquette, il portait un tablier jaune avec un revers bleu et semblait surveiller les gens.

Après chaque halte tous les 500 m, il allait voir les gens qui venaient d'embarquer en leur demandant leur destination. Après un bref calcul dans sa petite tête...et il réclamait quelques francs pour payer la course, tandis qu’ il ouvrit une boîte bizarre en bois, plate comme un livre, pour en déchirer un petit ticket agrafé à différentes petites liasses. Tout ces petits papiers étaient soigneusement maintenus par un élastique tendu, qu’il remettait au voyageur en guise de preuve de paiement.
Avant de glisser le prix du trajet dans sa sacoche en bandoulière qu’il secouait avec plaisir, il refermait énergiquement sa “drôle de boîte” dans un gros bruit sec qui me faisait sursauter.

Quel beau travail de concentration ce monsieur me donnait là : il mémorisait tous les trajets de chacun des clients et devait l'annoncer 300 m avant l’arrêt demandé, par un petit coup de sonnette à l’intention du chauffeur. 

Pourquoi raconté-je en détail mes premiers voyages de “transport en commun” ? Il n’y en avait d’ailleurs pas d’autres. 
Son travail me fascinait !
Cela devait être un beau métier.
C’est ce que je pensais quand j’avais 6, 7 ans !
On était encore loin des Go Pass !






17 février 2021

Déjà gymnastes...souvenir !

 Ce n'est pas un dessin illustrant un souvenir d'enfance que je vous propose aujourd'hui, mais bien une rare carte-postale que nous prête aimablement notre ami Raoul, fidèle lecteur et commentateur de ce modeste blog.

Il vient de retrouver dans des archives familiales, une photo cachetée des Gars de la Lys de Ploegsteert, représentant une pyramide combinée par cinq gymnastes n'ayant peur de rien ! Quoique la stabilité semble être sûre. 

 Comme ce club sportif a vu le jour après la Libération, il ne serait guère étonnant que cette photo doive dater des années 50.  Hélas, Raoul ne reconnait personne. Moi non plus.  Nous sommes trop jeunes. 

Peut-être qu'un nonagénaire parviendra à y mettre des noms. Si vous en connaissez,... n'hésitez pas à les y inviter à répondre à notre interrogation. 



 

16 février 2021

Précautions d'avant l'au-delà !

Complètement disparu aujourd’hui, ce rite d’église se déroulait souvent très tôt le matin, et par tous les temps, alors que le jour n’était pas encore levé ! On appelait cette “promenade” très matinale, “porter l’extrême-onction”... c’est-à-dire, pour le curé de la paroisse : aller administrer le dernier sacrement à un grand malade en fin de vie, avant qu’il ne lâche son dernier souffle.

Pour la famille déplorée, cette venue du curé la rassurait dans le sens que le mourrant allait pouvoir entrer au paradis car tous ses péchés en seraient pardonnés... sans passer par la case “purgatoire”.

Il faut avoir la foi catholique pour comprendre cette mystérieuse et ultime bénédiction.

Le curé, ayant revêtu son surplis, son étole et la cape, coiffé de sa barrette, traversait le village en tenant précautionneusement dans ses mains les saintes huiles qui serviront à oindre le front du grand malade, après lui avoir donné l’absolution.
Cette promenade exceptionnelle, silencieuse, exigeait le respect des éventuels passants qu’il rencontrerait. Pour les avertir de ce dévot passage, le prêtre était précédé par un enfant de choeur qui avait pour mission d’agiter une clochette et de porter une lanterne en guise de lumière spirituelle.

Le rendez-vous terminé, l’enfant de choeur pouvait rentrer à la maison sans tarder car... l’heure de l’école sonnait !



15 février 2021

On fait une carcasse ?

Cette question : on ne se la pose plus entre gamins. D’ailleurs, qui, aujourd’hui sait de quoi il s’agit ?

“Carcasse”... en patois Chti d’autrefois, signifiait un cert-volant bricolé par des petites mains de gosses.

Je peux en parler... puisque j’en ai faites. Mais...mais... par sincère humilité... elles n’ont jamais voler. Pourquoi ? Je n’en sais encore rien. Mais, je suppose qu’elles devaient être trop lourdes, mal équilibrées, trop lestées....

Après les moissons, alors que sur les champs il ne restait plus que les chaumes et les “käout”, il nous venait souvent l’envie de fabriquer un cerf-volant.
Pour cela, il nous fallait deux scions de saule ou de bambou que l’on fixait en croix. Les extrémités étaient reliées par une cordelette autour de laquelle venait se coller un grand papier gris. Encore une longue ficelle accrochée la carcasse qui permettrait l’envol bien haut, toujours contre le au vent. Pour cela, il fallait se mettre a courir vite tandis que le copain lançait notre carcasse à la verticale pour un bonne prise au vent.

Cent fois, avons-nous recommencé ce geste ! Décidémment, notre cerf-volant ressemblait plus à une baudruche gonflée qu’on lache et qui se met à tournoyer dans tous les sens !

Que faire : corriger , alléger, ajouter une queue, courir plus vite ?
A force d’insister pour faire “voler cet objet volant identifié” , nous fûmes parfois récompensés par un superbe envol si haut que la longue et fragile cordelette, en position presque verticale, se cassa ... Aie, aie... notre carcasse disparut au gré du vent ! Où ? Nous n’avions plus qu’à en refabriquer une autre,... améliorée !



13 février 2021

J'ai rêvé d'une kermesse avec des vedettes !

Quand j’étais petit, les kermesses de mon village,... je les attendais avec impatience !

Pour quelles raisons ? Une effervescence joyeuse allait s’installer dans les familles : petits et grands y trouveraient leur bonheur.

Il suffisait de lire le programme, imprimé sur des grandes affiches aux bordures noir-jaune-rouge, pour aspirer nerveusement que la ducasse commence par cet hymne national diffusé dans les rues par de très gros haut-parleurs, et annoncé par “la voix du micro” (dans le gosier d'Arthur). 

Je me souviens :
- de ces lâchers de ballons de baudruche
- de ces silencieux concours de pinsons où l’on comptait les “pitchewit”
- des ces manèges installés ça et là avec leur pompon balloté intelligemment par le forain 
- de ces jeux organisés dans des rues par un dévoué Comité des Fêtes (Merci encore)
- de ces concerts "apéritif"  sur kiosque offert par la fanfare locale
- de ces défilés colorés toujours composés de gais-lurons
- de cette populeuse braderie des commerçants qui “sortaient” tout leur bazar et fonds de tiroirs 
- de cette course cycliste “pour indépendants”, avec pour final, le bouquet et sa miss
- et...  de tous ces communiants solennels suivis de leur famille tirée à quatre épingles....

Mais, aujourd'hui en 2021, un événement imaginaire me revient à l’esprit : celui de la Course à Sac prisée par les adultes autant que par les enfants. Certes, les prix n’étaient pas bien gros, mais une bonne rigolade garantissait la récompense.

A l’époque, j’avais qu'une petite dizaine d’années... et, jamais, je n’avais imaginé que 70 ans plus tard, j’aurais encore éprouvé autant de plaisir à la croquer.


12 février 2021

“C’est de la flotte, ton café !”...

S’il y a bien un geste très familier qui était quotidiennement souvent répété jadis, et qui n’existe plus à ce jour, c’est...”faire du café”.

On peut même se demander si les jeunes d’aujourd’hui seraient capables de nous préparer un bon café autrement qu’avec une machine Nescafé ou Senséo !

Alors, à leur intention, je me suis amusé à dessiner une scène humoristique qui illustre bien une boutade que nos vieux aimaient se lancer à la figure lorsque le café était... trop clair, raté, voire imbuvable.

- “C’est du jus d’ chaussette, ton café !” ou bien...
- “On voit l’ fond de l’ jatte”....

Autrefois, le café se moulait (du verbe moudre) dans un “moulin à café” maintenu entre les genoux et dont il fallait tourner une manivelle pour écraser les grains de café qui tombait en une poussière brune et odorante dans un petit tiroir qu’il fallait ensuite transvider dans le filtre en tissu de la cafetière. Ca ressemblait à un manchon fermé maintenu par un anneau en haut de la cafetière.

Lorsque la bouilloire se mettait à siffler indiquant que l’eau bouillait, on pouvait verser alors la flotte bouillante lentement sur le café moulu contenu dans le filtre. En coulait, en principe, le délicieux liquide noir répandant dans la cuisine ce bon parfum matinal...qui ne méritait jamais la comparaison à... du jus de chaussette !

Pour l’humour de mon dessin, monsieur s’assure qu’il n’y a pas de trou dans sa chaussette avant de dépanner le vieux filtre usagé et troué de la cafetière, tandis que madame, amusée, moud.


 

11 février 2021

La jarretière tombe en désuétude

Ce “papier” mérite-t-il de s’inscrire dans ce blog réservé à mes souvenirs d’enfance des années 50 ?

Malgré l’absence de souvenirs certains, je n’ai pu m’empêcher de dessiner une scène imaginaire, telle que je me la présentais dans ma petite tête.
Je devais avoir l’âge ingrat lorsque j’entendis quelques témoignages à propos de la jarretière de la mariée.

Ce n’est que bien plus tard que mon imagination fertile dut en supputer le petit brin érotique que devait se dégager de cette tradition.

Comme dans “affaires conclues” (sic), on mettait aux enchères la “jarretelle” de la mariée. Quel privilège pour celui qui avait remporté “la mise” de pouvoir ôter cet accessoire vestimentaire caché sous la robe et qui servait à maintenir le bas tendu enveloppant la jambe. Et de plus, la tradition voulait que ce geste se fasse... avec les dents. J’imaginais le péché contre le 6e commandement !

Ca a été mon premier fantasme. Et dieu sait s’il a perduré dans ma cervelle !

Bref ! Inutile d’en dire plus... Je vous laisse le soin de deviner l’ambiance joviale de ces inoubliables moments !


 


09 février 2021

Et gai, gai, gai, et bon, bon, bon

Les vieilles traditions d’antan respectées lors des noces semblent bel et bien disparues.

Il ne faut pas chercher loin pour un deviner les raisons : les mariages entre jeunes amoureux se concluent de moins en moins, plus encore s’ils sont suivis par la célébration d’une messe parfois très cérémonieuses.

Les amis des mariés, les voisins, le public aimaient être spectateurs de ces rares joyeusetés qui rassemblaient deux familles. Les hommes enfilaient leur plus beau costume en accrochant une fleur la boutonnière. Les dames inauguraient fièrement la toute nouvelle toilette de circonstance sans oublier de se parer des bijoux hérités ou hors de prix.

Après la messe, une coutume amusante m’est restée en mémoire lors de la sortie des mariés. C’était le moment du “ouf” soufflé par le jeune couple qui pouvait enfin évacuer son “stress”. Ce mot n’existait pas à l’époque mais la tension nerveuse était bien là, et tout autant chez les parents. Il leur fallait alors chercher au fond de la poche ou dans l’aumonière une pièce à déposer dans le plateau que les enfants de choeur présentaient à la sortie de l’église. Sans cela, ils tenaient un cordon à travers l’entrebaillement de la porte, à hauteur des visages en guise de barrière.

Dans les mêmes instants, souvent un tintamarre surgissait : “Boum...Paf paf....boum”....Quelques invités à la noce, dissimulés quelque part, savouraient le plaisir à lancer de gros pétards allumés qui explosaient avec fracas, à la grande surprise de tout le monde.

C’était le signal de départ : la fête pouvait commencer ! Vin d’honneur, ripailles, avec bal et générosité !



08 février 2021

Les débuts de la télévision

Gamins, à peine âgés d’une dizaine d’années, l’an 2000 nous fascinait ! 

Je me souviens que "Mononcle Maurice" disait toujours : “Le jour où quelqu’un ira sur l Lune... il ne reviendra pas !”. Et pourtant, il y a bien un certain Armstrong qui “a marché sur la Lune”... en juillet 69 ! Même que ses premiers pas “de géants” ont été transmis en télévision. Quelle prouesse technologique... incessante  ! Si belle que les “gamins” d’aujourd’hui, possèdent presque tous une “télévision de poche” !

Vers 1953, les premières émissions de télévision “grand public” se créent ! Les premiers “postes” arrivent sur le marché. Dans ma rue, un commerçant-électricien sent la bonne aubaine pour ses affaires et s’investit dans cette nouveauté : la télé.

Comme sa façade présente un grand étalage, il installe un gros téléviseur sur une table surélevée de sorte que de l’extérieur, les passants puissent regarder les images qui défilent sur ce petit écran bombé. Cette initiative ne tarde pas à devenir l'incroyable potin du coin et du village tout entier !

Bien vite, les gens se pressent pour venir découvrir cette étrangeté, agrémentée du sourire de la speakerine Catherine Langeais, tout en respectant les règles de l’élémentaire courtoisie : les petits devant, les grands derrière.
Ainsi, les enfants auront le privilège de pouvoir s’avancer au plus près de la fenêtre le front contre la vitre. Les adultes, debout à l’arrière, regarderont intrigués par cette boîte magique qui envoie des images et du son. “Chuuut” murmure-t-on dans le public !

Voilà pour le décor ! Mais, je  veux vous raconter l’anecdote la plus pittoresque de l’histoire de mon village : comme les gosses voulaient tous bien voir l’écran, les plus gringalets se faisaient bousculer. Par contre, les plus grands réussissaient toujours à se faufiler “au premier rang”...en s’appuyant le nez contre la vitrine. Mais à l’intérieur du magasin, d’autres jeunes spectateurs privilégiés, serrés et accroupis, assistaient aux “émissions” quand l’un d’eux eut l’idée farceuse mais saugrenue de...couper discrètement le ruban de la persienne.

Aussitôt, le rouleau se libéra et la persienne chuta subitement pour cogner le premier obstacle : la tête d’une jeune fille, plus grande que tous les gosses à côté d’elle.

Qu’il me soit permis de l’identifier parce qu’en ces lignes, je veux lui rendre hommage pour la serviabilité et la gentilesse qui l’ont caractérisée toute sa vie. Jeanette, figure pittoresque et dévouée de mon village, est hélas décédée en septembre 2019.

Quant au farceur d’il y a 65 ans,... le mystère règne toujours.

 


07 février 2021

Rien à déclarer ?

Cette question, mille fois posée lorsqu’on passait la frontière franco-belge, n’est plus d’actualité. La jeune génération en connait-elle les raisons ?

Autrefois, on ne passait pas d’un pays à l’autre. Des barrières installées en travers de la route, et gardées par des douaniers, empêchaient la circulation des gens et des marchandises de la Belgique à la France, et vice-versa.
Fort heureusement, les pays avaient conclu un accord pour autoriser les travailleurs étrangers à passer la frontière. Mais attention,... il leur était fortement interdit de transporter sur eux, ou cachés sur leur vélo ou dans leur véhicule, des produits plus rares ou plus chers dans l’autre pays.

Dans mon village, entre les deux barrières qui obstruaient la chaussée principale, un espace d’1m50 permettait le passage des cyclistes qui devaient mettre pied à terre devant le douanier de faction :
- “Vous avez quelque chose à déclarer ?” Souvent la réponse était négative, mais, méfiant, le préposé en uniforme kaki vérifiait de visu :
- “Ouvrez votre sac !” ! Jamais, il ne trouvait une bouteille de Fine 3* ou un paquet de Brouteux ! Mais l’ouvrier frontalier, pour arrondir ses fins de mois, avait plus d’un tour dans son sac pour dissimuler sa petite fraude : il cachait le tabac sous son couvre-selle ou ailleurs. On avait de l’imagination, à l’époque.

Les dames, portaient sous leur longue et large jupe un sac allongé en tissu léger pour y glisser le litre de rhum ! Elles prenaient un risque car, souvent, une “visiteuse” attitrée était présente au poste pour palper les formes de ces dames en espérant prendre la fraudeuse en flagrant délit.

J’ai un souvenir cocasse : bien plus tard, avec ma première voiture, je reviens du marché d’Armentières pour y avoir acheté 10 kg de pommes de terre. Je passe la douane en ouvrant mon carreau :
- “Rien à déclarer ?” - “Si, des pommes de terre !” - “Ouvrez votre coffre !”
Ce que je fais. Il voit le filet rempli de beaux tubercules en me demandant :
- “Elles sont bonnes à manger, ces patates ?” Devant mon silence étonné, il appelle son collègue.
- “Regarde....” pensant obtenir l’appui de son copain. Mais, celui-ci se contenta d’hausser les épaules et tourner le dos.
- “ Bon ! Allez, c’est bon pour une fois !”

Toutes ces formalités douanières, avec les simagrées qui les accompagnent, ont disparu depuis le 1er janvier 1993 ! Mais... il y a encore du boulot : drogue, contre-façon, fraude fiscale.... se cachent plus facilement que mes patates !

 


06 février 2021

C'est une bière qui vient de la cave !

Autrefois, les rues des villages s’animaient toujours autour d’un ou plusieurs cafés où les clients habituels se rassemblaient pour raconter ou écouter les “potins” du quartier. Parmi eux, il y avait les inconditionnels piliers de comptoir, qui appuyés sur le zinc, buvaient leurs bières les unes après les autres. Souvent cuités, ils rentraient chez eux à pied, en zigzaguant sur le trottoir, ou en vociférant d’indiscutables vérités !

Comme la bière forte n’était consommée que dans les bistrots, dans les maisons on se contentait lors du repas, de boire une bière légère qu’on appelait “BST” , bière spéciale de table, que seul, le brasseur du coin pouvait livrer à domicile.

Pour l’avertir d'un approvisionnement demandé par les clients, on posait la basse caisse en bois contenant les bouteilles vides sur le trottoir et ainsi marchand de boissons savait qu’il pouvait livrer des bouteilles pleines à descendre à la cave en affichant  toujours un sourire, tout en descendant les marches...

Avant de partir, la maitresse de maison lui payait la caisse de bière par un petit billet et quel plaisir, pour le brasseur, de secouer sa lourde sacoche de cuir en faisant tinter les pièces avant de lui rendre la monnaie. 

Un service à domicile fort apprécié qu'aujourd'hui, plus personne n'oserait demander à un brasseur. 

 

05 février 2021

Ecoute le poste à galène

Chez moi, à l’époque, il n’y avait qu’une seule grosse prise de courant visée dans un mur de la cuisine, la pièce principale de la maison. Elle n’avait que deux utilités : le moulin à café électrique et... le poste T.S.F. (Télégraphie Sans Fil)

Grâce à l’écoute de cette “radio”, nous découvrions le Journal Parlé et les émissions Quitte ou Double, le Crochet ou encore Les Disques demandés. On était en effet très loin de ce que l’on utilise aujourd’hui pour s’infliger les niaiseries musicales ou l’abondance des publicités.

A l’heure du coucher, mes frères et moi voulions encore écouter cette performance radiophonique. Mais comment y parvenir dans le silence ?
Grâce à la magie de la galène, nous sommes parvenus, grâce à de gros écouteurs en métal plaqués contre les oreilles à entendre de la musique émise par une station lilloise diffusant du kabyle et distillant sans arrêt des mélodies nord-africaines.

A vrai dire, c’était un bon somnifère. On ne comprenait rien mais on aimait écouter le résultat de notre ingénieux savoir-bricoler : Il fallait du fin fil électrique, une bobine appelée “self”, un détecteur et... une galène qui ressemblait à une gaillette d’anthracite. Le tout fixé dans une planchette de contre-plaqué, et relié à une fil d’antenne extérieure et une prise de terre. Patiemment, il fallait titiller la galène avec la pointe du détecteur jusqu’à ce la captation des ondes se fit. Sans électricité ! Quel miracle !

C’est vrai, qu’aujourd’hui, tout cela peut paraître compliqué ! Rien à voir avec le... smartphone, cette petite télé de poche ! 




04 février 2021

Les indispensables “Petites Soeurs”

Actuellement, en cas de problème pour blessure, on file “aux Urgences”

Jadis, en pareils cas, on courait chez les “Petites Soeurs de la Providence”.

Il est bien loin ce temps où l’on pouvait faire appel à l’aide toujours bienfaisante des révérendes Soeurs de la Divine Providence : n’importe quand et par n’importe qui.

Vivant en communauté dans un petit couvent, ces religieuses, qu’on dit mariées à Jésus, et consacrant leur vie à Dieu, voulaient aussi porter secours aux malades et aux blessés par leur savoir-faire infirmier et leur infinie patience.
Elles allaient partout pour assurer les soins de santé que prescrivaient les médecins.

Elles se rendaient aux domiciles des gens, sans distinction. Tous, nous pouvions compter infailliblement sur ces nonnes pour assurer les piqûres, renouveler les pansements, appliquer des ventouses, désinfecter des plaies,.. tout cela sans jamais devoir payer un seul franc. Heureusement, les familles savaient aussi se montrer généreuses et jamais rien ne leur a manqué pour vivre pendant plus d’un demi-siècle.

La congrégation a quitté Le Bizet en 1986 en en laissant le bâtiment de son couvent à la maison “La Source”. Par ces lignes, je voulais leur rendre un nouvel hommage.

Mais pour la petite histoire des années 50, je me souviens que, nous les petits garnements espiègles, ne connaissions pas le danger et quelquefois, un petit accident surgissait par trop d’imprudence ou de... chamailleries en blessant l’un d’entre nous. Ou une fillette en se coupant ou en se brûlant !

Vite, le même réflexe venait à l’esprit des parents : “Allons voir les Petites Soeurs”.
Rien qu’en tirant la sonnette, les pleurs du petit blessé séchaient. Une dame souriante, toute de noir vêtue, portant une coiffe bizarre, apparut et examina aussitôt la plaie, posa quelques questions, écouta les courtes réponses hésitantes et reniflantes. Prudemment, la dévouée nonnette avertit que “ça va piquer un peu”...tout en imbibant une boule d’ouate pour désinfecter la blessure. On se laissait faire, sans broncher. Un peu de mercurochrome rouge, un pansement en tissu pour protéger la plaie et... “voilà, c’est fini” !

Le môme se sentait déjà guéri pour quitter le modeste dispensaire sans omettre le mot magique :

“Merci, ma Soeur !”

J’ai oublié ce que répondait la Bonne Soeur, mais son doux regard en disait long ! Jésus devait être content !


03 février 2021

Qu’est qu’on peut vous servir ?

Autrefois, les enseignes “Café du Commerce” n’étaient pas un vain mot.

Si aujourd’hui, pour comparer les ragots débattus autour d’un zinc, on n’hésite pas à certifier que leurs origines se situent... au Café du Commerce”.  Ou bien : "Ch' est li qui l'a dit !"

Autrefois, on pouvait entrer dans un bistrot presque à tous les coins de rue. Certains estaminets présentaient même une particularité très appréciée : on pouvait souvent y faire quelques achats “essentiels”.

Du temps de notre prime jeunesse, qui n’a pas connu par exemple :
- la cabarétière qui s’activait derrière son comptoir, tandis que son mari vendait ses bifstek dans la pièce voisine ?
- la tenancière servant ses pintes, tandis que le patron coupait les cheveux d’un client, dans un petit salon adjacent ?
- le cafetier discutant avec un pilier de comptoir tandis que sa femme pesait des rollmops ou de la morue, un vendredi : jour du poisson ?
- le bistrotier, tout en ressuyant les verres à bière, surveillait du coin de l’oeil un client qui épeluchait un journal avant de l’acheter, ou de partir sans le payer ?

Ces débits de boissons ont disparu à ce jour. Et peut-on dire pourquoi ?
A vous d’avoir votre petite idée !


 

02 février 2021

Faire des provisions de charbon

Autrefois, pour se procurer les denrées alimentaires, il fallait se rendre chez le boulanger, chez le boucher, chez l’épicier ! Pour l’habillement, on trouvait dans chaque village un couturier, un cordonnier, un quincaillier. Pour la coquetterie, les bijoutiers avaient toujours un beau choix doré ou argenté.

Quant à se chauffer, comment s’y prenait-on ? On utilisait énormément le charbon que le marchand amenait sur sa charrette à bras chargée en sacs de 50 kg. qu’il avait préalablement chargés à raz-bord. Arrivé chez le client, il pouvait se retrousser les manches pour les décharger à la force des bras et les rentrer dans la maison. Attention les meubles, il devait aller les vider dans un “kotje” sombre toujours situé à l’arrière de l’habitation. Dans un geste automatique, il laissait tomber sa charge dans un nuage de poussière noire, pour ensuite poser les sacs vides sur le sol et les compter pour prouver la quantité fournie en vrac.

Ces achats représentaient toujours une grosse dépense pour les familles mais, rassurées : l’hiver pouvait être rude, elles avaient de quoi se chauffer.




01 février 2021

Les “crinchons d’hayiure” tournent la page précédente.

Si les rues du village n’étaient pas encombrées d’une dangereuse circulation automobile telle qu’on connait aujourd’hui, elles offraient par contre une animation pittoresque causée par les us et coutumes de l’époque. Tout le monde se sentait bien et heureux avec ses voisins !...

Enfin...à vrai dire, je ne sais pas : j’étais trop jeune pour le savoir et pas plus grand que “trois pommes”, comme “Quick et Flupke” à Bruxelles, ou le petit Gamin de Paris.

Dans notre patois picard, on utilisait une expression typique pour parler de ces petits garçons espiègles : c’étaient des “crinchons d’hayiure” que les adultes aimaient bien mais qu’ils surveillaient de loin avec un regard méfiant ! Car...ces garnements, des petits trainards de rue, cachaient souvent un petit instinct   farceur, chasseur, ou encore bricoleur !

Jamais, ces “crinchons” n’étaient mal intentionnés dans leurs loisirs : en un mot, ils s’amusaient, s’occupaient, découvraient la nature en se débrouillant, en observant, tout en se forgeant un petite personnalité . Parfois rebelle, souvent débrouillarde et serviable.

Que faire avec une loupe ? Grâce à la magie grossissante de l'optique, ils brûlent du papier !
Que faire avec une branche de bois en Y ? Une vieille chambre à air coupée en rondelles et voilà l'élastique pour un lance-pierre !
Que faire avec des vieilles boîtes à conserve ?  Si vous en avez fait l'expérience...  l'espace "commentaire" vous invite !