07 février 2021

Rien à déclarer ?

Cette question, mille fois posée lorsqu’on passait la frontière franco-belge, n’est plus d’actualité. La jeune génération en connait-elle les raisons ?

Autrefois, on ne passait pas d’un pays à l’autre. Des barrières installées en travers de la route, et gardées par des douaniers, empêchaient la circulation des gens et des marchandises de la Belgique à la France, et vice-versa.
Fort heureusement, les pays avaient conclu un accord pour autoriser les travailleurs étrangers à passer la frontière. Mais attention,... il leur était fortement interdit de transporter sur eux, ou cachés sur leur vélo ou dans leur véhicule, des produits plus rares ou plus chers dans l’autre pays.

Dans mon village, entre les deux barrières qui obstruaient la chaussée principale, un espace d’1m50 permettait le passage des cyclistes qui devaient mettre pied à terre devant le douanier de faction :
- “Vous avez quelque chose à déclarer ?” Souvent la réponse était négative, mais, méfiant, le préposé en uniforme kaki vérifiait de visu :
- “Ouvrez votre sac !” ! Jamais, il ne trouvait une bouteille de Fine 3* ou un paquet de Brouteux ! Mais l’ouvrier frontalier, pour arrondir ses fins de mois, avait plus d’un tour dans son sac pour dissimuler sa petite fraude : il cachait le tabac sous son couvre-selle ou ailleurs. On avait de l’imagination, à l’époque.

Les dames, portaient sous leur longue et large jupe un sac allongé en tissu léger pour y glisser le litre de rhum ! Elles prenaient un risque car, souvent, une “visiteuse” attitrée était présente au poste pour palper les formes de ces dames en espérant prendre la fraudeuse en flagrant délit.

J’ai un souvenir cocasse : bien plus tard, avec ma première voiture, je reviens du marché d’Armentières pour y avoir acheté 10 kg de pommes de terre. Je passe la douane en ouvrant mon carreau :
- “Rien à déclarer ?” - “Si, des pommes de terre !” - “Ouvrez votre coffre !”
Ce que je fais. Il voit le filet rempli de beaux tubercules en me demandant :
- “Elles sont bonnes à manger, ces patates ?” Devant mon silence étonné, il appelle son collègue.
- “Regarde....” pensant obtenir l’appui de son copain. Mais, celui-ci se contenta d’hausser les épaules et tourner le dos.
- “ Bon ! Allez, c’est bon pour une fois !”

Toutes ces formalités douanières, avec les simagrées qui les accompagnent, ont disparu depuis le 1er janvier 1993 ! Mais... il y a encore du boulot : drogue, contre-façon, fraude fiscale.... se cachent plus facilement que mes patates !

 


4 commentaires:

  1. Raoul10:37

    Mes parents m'envoyaient chez Notteau au Bizet France chercher un litre de vin rouge quand j'étais jeune adolescent, les douaniers se méfiant moins de gamins qui franchissaient allègrement la frontière à vélo. Mais gare à nous si nous étions pris à revenir en Belgique par les 4 poteaux !

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  2. Ah ! V'la un domaine quine manque pas de folklore...Beaucoup d'adolescents, fils d'épiciers de la frontière se sont faits des bras sur une presse d'imprimerie pour presser les paquets de toubak de 500g jusqu'à en faire des plaquettes qui passaient dans les corsets des femmes !
    Mais pas que le tabac, à l'époque tout était interdit : chemises en nylon, cierges, missels, etc.
    Pour les belges, c'était le vin, les alcools et les parfums. Que n'ai-je transporté ces précieux flacons à un endroit très discret en présentant une boîte de mécano au douanier...
    Pendant la guerre, un dicton circulait : Tant qu'il y aura de la rhubarbe en Belgique, y aura du toubak en France.
    Jadis les douaniers étaient mal payés et devaient arrondir les fins de mois en ayant une activité complémentaire. Certains étaient taupiers et posaient des pièges tout au long de leurs rondes. Certains jours, le douanier pouvait relever jusqu'à deux cent taupes dans leurs pièges. Il fallait ensuite les dépiauter, puis fixer les peaux sur des pointes à sommier sur le grands panneaux. Une fois séchées, les peaux étaient livrées chez les fourreurs.
    Quelle est la différence entre un douanier manuel et un autre intellectuel ?
    Le premier lève la main pour vous faire passer, l'autre hoche la tête !
    Nous avons vécu une époque héroïque :-)

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  3. Dupon Brigitte12:11

    La bonne époque nostalgie.

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    1. NICOLE VERHULLE16:59

      j'aimais beaucoup aider augusta qui avait un magasin à la douane belge
      avec Roseline on prenait plaisir à passer à la presse le tabac brouteux que les petits vieux glisser dans leurs chaussettes, à la même presse on écrasait aussi la margarine solo et hop dans l'autre chaussette que c'était chouette .

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