09 janvier 2021

Autour du clapier

Pour quelles raisons élevait-on jadis des lapins dans l’une des dépendances, à l’arrière de la maison ?  

Durant la période 40-45, nos aïeuls ont eu faim, de même que les enfants de la guerre pour qui leurs parents ont toujours veillé d’abord à bien remplir leur assiette. Ils cultivaient un jardin, tenaient une basse-cour, nourrissaient des lapins. 

Lors des bonnes occasions familiales, lorsqu’un animal semblait bien en chair, on n’hésitait par le tuer pour le faire mijoter dans une marmite avec des raisins et des pruneaux. Tout gosse, je m’en pourléchais déjà les babines. 

Avant cela, mon père, sans état d’âme, se chargeait de tuer l’un des beaux lapins que nous faisions grossir durant des semaines. Le rituel était toujours le même : le coup de lapin qui l’assomme, l’accrochage des pattes arrières aux deux vieux clous plantés dans une porte,  le dépeçage en retroussant la peau, la coupure verticale dans l’abdomen et l’extraction des viscères qui tombent dans le gros bac posé au sol.   Je me censure pour ici pour le reste de l’opération... car, comme témoin-gamin, j’assistais avec curiosité et sans haut-le-coeur à cette affreuse et méticuleuse préparation soignée du “lapin prêt à cuire”. 

Si nous faisions bonne chère de ce “gibier domestique”, nous l’aimions bien cet animal aux grandes oreilles. Chacun notre tour, il nous fallait préparer les “boules de lapins” que l’on donnait à ce bien gentils mamifères. La recette était simple : après les cuissons de pelures des patates, mélangées à du pain rassis et de la farine, nous devions, avec nos petites mains,  façonner ces boules grosses comme des balles de tennis. 

Avec mes frères, nous devions aussi assurer une autre besogne : le nettoyage du clapier en le débarrassant du fumier mélangé aux petites crottes pour le remplacer par un lit de belle paille dorée pour nos lapins chéris. 

1 commentaire:

  1. J'adore ce croquis. J'ai l'impression de cautionner une scène de l'époque des dinosaures...et pourtant ce n'est pas si lointain...petit lapin bien gentil ases ses longues oreilles, ses yeux nostalgiques et son petit nez snifant la carotte..on t'a nourri, tu fus heureux, tu as eu le temps de te reproduire, mais ton heure est venue. Ta chair pour les uns, ta peau pour les autres. Rien n'est perdu ! Mais, dimanche prochain, c'est ta copine qui va y passer...là, je serai moins nostalgique, la grosse poule rousse qui me piquait les mollets ! On lui fera passer le goût du pain !

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