Dans le déroulement de la dévote vie catholique d’autrefois, le calendrier prévoyait (ou prévoit encore, je ne sais pas) en juin, la fête du Christ-Roi. C’était l’occasion pour tous les bons pratiquants du village de “se mettre sur son 31” et de participer à la traditionnelle procession du Saint-Sacrement.
Ce grand spectacle s’est gravé dans ma naissante mémoire, ( j’avais cinq, six ans), avec toute la beauté de cette parade cérémonieuse, haute en couleurs, à laquelle participaient beaucoup d’adultes endimanchés, ainsi qu’une part de la jeunesse locale, et quelques bambins ecclésiastiquement bien considérés par le clergé.
Ce long cortège, précédé par les pompiers casqués, marchant lentement sur une musique jouée par la fanfare locale, parcourait les rues principales de mon patelin pour aller, en pèlerinage, jusqu’à une petite chapelle à la réputation de pouvoir consoler les fidèles.
Après les musiciens, suivaient les petits écoliers de l’école gardienne déguisés en saints du calendrier; les patronnés en chemises vertes, les demoiselles de 12 ans habillées de leur robe blanche de communiantes. J’en oublie ?? Peut-être !
Mais, le clou de la procession arrivait lorsque les hommes de la Ligue du Sacré Coeur avancèrent de part et d’autre de la rue, portant tous un scintillant flambeau allumé, entourant le Saint-Sacrement, montré sous une sorte de baldaquin. Quatre marguilliers de la fabrique d’église portaient le dais sous lequel le curé marchait caché sous son voile huméral tout en exhibant le riche ostensoir doré au centre duquel se trouvait l’hostie consacrée.
Tout ce vénérable petit monde paroissial évoluait majestueusement sur des pétales de fleurs que des joncheuses épandaient sur le sol. Elles étaient entourées de 12 garçons vêtus en enfants de choeur (dont moi) représentant les apôtres.
Sur le parcours, des habitants avaient pavoisé ou décoré leur fenêtre d’une grande statue avec les plus beaux chandeliers : de vrais petits autels pour y prier lors du passage de la procession. Par contre, d’autres maisons avaient bien intentionnellement les volets fermés en guise d'un témoignage athé.
Le gosse que j'étais commençait-il déjà à percevoir la différence entre... le Cercle Catholique et la Maison du Peuple ?
Bravo pour ce témoignage ! Je vois encore ces petits diables déguisés en anges, suivis des patros vert et jaune classés par taille. Puis, toutes les différentes classes des écoles. Les roses et les pivoines du village avaient été dépouillées de leur pétales qui serviraient de tapis pour le curé et son saint sacrement, protégé par une toile tendue et supportés par quatre porteurs devancés par des "porte-bougies". Ensuite au tour de la chorale, des pompiers, des musiciens avec leur chapeau à plume, puis encore différents "tableaux" représentant la vie de jésus. L'arc-ange et son armure en cuivre attachait le regard. Tout au long du parcours, le cortège s'arrêtait devant les chapelles honorant divers saints ou saintes. Les mountches avaient sorti leur prie-Dieu, leurs statues, leurs bougeoirs et les drapeaux belges.
RépondreSupprimerL'entrée de l'église était la bienvenue pour s'abriter en attendant fébrilement "l'Ite missa est" et partir quatre à quatre chez Marie et Madeleine (et Marie-Henriette) pour boire des pintes, faire un billard et jouer au "pitches bak" en pensant déjà à la seconde procession du jour de la ducasse...on fausserait compagnie pour paésser le pont et finir au pied du juke-box de chez le gros Léandre et ses boissons prohibées en Belgique ! Nous vivions une époque merveilleuse !