27 janvier 2021

Je vous présente mon... quincaillier

Notre voisin, Joseph de son prénom, tenait une quincaillerie où le bon bricoleur et l’infatigable jardinier trouvaient “de tout” : du grillage à poule qu’il déroulait sur le trottoir pour le découper “à mesure” à la clenche de porte ou... le vase de nuit.

Quand j’étais encore un gamin, mon papa m’envoya acheter “200 grammes de semences de clou”. J’ignorais ce que c’était mais j’avais bien retenu par coeur la commission que je répétai avec hésitation devant monsieur le quincaillier, un grand gaillard au tablier gris usé.

Derrière son imposant comptoir encombré, il saisit une boîte de carton parmi les dizaines rangées sur des étagères derrière lui. Il se mit à verser ces minuscules petits clous sur un plateau de sa belle balance. Au gramme près pour obtenir l’équilibre avec le poids posé sur l’autre plateau.
- “Voilà les 200 grammes de semences de clou” murmura-t-il en me regardant sévèrement.
Curieux, j’ignorais ce qu’était cette semence : ces minuscules clous d’ 1 cm à tête plate utilisée par les cordonniers pour réparer des semelles de bottines. Mon père était un adepte de la débrouille pour beaucoup de choses. On en a épargné des godasses ! 

Cela dit, Joseph saisit une feuille de papier journal qu’il plia comme un cornet de frites, en replia la pointe, ouvrit le cône dans sa grosse main et y versa ma “semence de clous” par un geste précis . Aucun clou ne pouvait se perdre : ni pour lui, ni pour moi qui devais les payer.

Mais oui ! Il y a 70 ans, on achetait tout en vrac : pas d'emballage plastic ! aucune pollution !  Pas de codes barres non plus ! 



Selon ma petite recherche sur internet, cela s'appelle : "enclume de cordonnier", ou "pied de cordonnier."
Mais chez nous, en patois Chti, on appelait cet outil un "tape-dache".  Car, en plus d'utiliser de la semence dd clou, on avait aussi recours aux "daches", des clous à grosse tête ronde qu'on plantait sur toute la semelle pour éviter qu'elle ne s'use trop vite !    



4 commentaires:

  1. Raoul13:21

    Ah les clous de cordonnier ! Mon père en achetait aussi, pour réparer lui-même nos chaussures. Il découpait des morceaux de cuir (dont la forme pouvait, avec beaucoup d'imagination, ressembler de loin à une semelle). Ces "répérations" évitaient d'avoir à faire appel à Joseph Lamote, le cordonnier ploegsteertois, et épargner ainsi quelques sous.

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    1. Raoul15:44

      Suite à l'ajout d'une photo, j'ajoute un commentaire : le tape-daches de mon père était hérité de mon grand-père.

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  2. Encore de souvenirs...le semences de clous ! La première fois que mon père (menuisier, charpentier, ébéniste) m'envoya chez Vanstaen au coin de la rue des Cerisiers (devenu E. Cauche) que croyais que c'était une blague. C'était pour réparer des "daches à clous" mais également pour refaire de garnissages de sièges, etc.
    Parfois j'allais chez Robert Deconinck. Mes parents étant commerçants, fallait plaisir à tout le monde. Son épouse Godelieve aimait tenir le crachoir et me questionner au sujet de ses fils Marc en Jacques : solidarité oblige, pas question de cafter !
    Ces quincaillerie étaient des cavernes d'alibaba, bien représentée sur l'illustration.
    Quant aux cordonniers, on avait le choix : Le grand Provost qui faisait bistrot à la gare. C'était le rendez-vous des coqueleux. Rue d'Ypres, Cyril Debruyne était aussi bourrelier et matelassier. Puis André Delmée qui passerait la main à Antoine Goemaere.
    Ah ces petite commerces d'antan !

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  3. Cyriel Debruyne était à l'entrée de la rue de Lille (n°6). Mille excuses.Je le voyais travailler depuis la fenêtre de ma chambre.

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