22 janvier 2021

Construisons un camp

Les ‘grandes vacances’ d’été nous offraient du temps libre à ne plus savoir qu’en faire. L’ennui nous guettait.

L’un de nos passe-temps épiques étaient ces rassemblements en tout petits groupes par quartier pour nous imaginer des épopées guerrières qui demandaient de la discrétion et de la protection.

Certes oui, jouer à l’abri du regard des parents doublait notre plaisir. C’est la raison pour laquelle nous nous dirigions souvent au bout de cette rue en cul de sac et où se dressait ce bel édifice religieux entouré d’un terrain vague et d’une prairie où broutaient quelques vaches.

L’église du Bizet, premier ouvrage dessiné par l’ architecte yprois Coomans, construite toute en briques rouges, se trouve embellie par de nombreux contre-forts consolidant les murs des absidioles et du transept.  Seulement, entre ces éléments architecturaux, on découvre de nombreux petits endroits discrets propices aux cachettes.


Quelques mètres plus loin, un tas de vieilles pierres et des pavés oubliés trainaient là au milieu d’orties et d’autre grabat.

Notre imagination fertile ne tarda jamais à nous donner l’idée de construire un rempart afin de nos protéger d’un éventuel ennemi : une bande de garnements venus d’un autre quartier.

Quel génial stratège, le plaisir ne fut pas gâché : avec courage mais aussi avec désordre, nous récupérâmes des pavés et montions un mur, sans ciment, avec tous les risques qu’un lourd bloc de pierre nous écrase les orteils.

Cette occupation était bien sûr interdite par le curé qui avait confié la surveillance du pourtour de l’église à une paroissienne riveraine, propriétaire des quelques bêtes mises en pâture.

Bien dissimulés dans notre petit “château-fort” à peine terminé, que soudain, l’un de nous apercevait Martha, bâton à la main, traversant la prairie, s’approchait à grands pas en nous hélant d’avertissement.

- “V’la Martha !” cria-t-on.... Au lieu de préparer notre défense face à l’assaillante, nous prenions nos jambes à notre cou pour détaler comme des lapins froussards !

Finalement, nous étions tous fin contents ! Espiègles, nous l’étions, oui ! Désobéissants ? Non ! Farceurs ? Oui... c’était un peu notre but : déranger le monde des adultes.

5 commentaires:

  1. Raoul14:59

    En parlant d'interdiction par le curé, à Ploegsteert, nous bravions celle de monter au sommet de l'église, en empruntant un escalier en bois quais-vermoulu qui nous menait à la plateforme qui faisait le tour de la flèche. On avait une vue imprenable sur les environs. Mais c'était plus par défi plus que par intérêt pour la beauté de la campagne environnante, que nous nous permettions ces escalades. Quand le curé nous repérait, ou bien quand une bonne âme le lui signalait, il envoyait...Gaston, le sacristain pour nous déloger. Ce n'était pas chose facile.

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  2. Encore une aventure ! Les mountches de la grand place partaient le bonne heure bien équipés : sac à dos avec les tartines, la gourde, le canif, le marteau. Les gants et les lunettes indispensables pour faire face aux orties. Une paire de bottes ferait l'affaire pour passer la douve et contourner les barbelés et accéder au "petit bois Dumortier".
    Il fallait construire un camp de branches, bien retranché au milieu de la "forêt" pour ne pas être repérés.
    Les murs, le toit de fougères tout serait près pour le repas de midi. Après tant d'efforts les tartines étaient les bienvenues.
    Les explorateurs allaient consacrer l'après-midi à faire un barrage pour mieux attraper les épinoches.
    En fin d'après-midi la mission terminée fallait penser au retour par le "bois Samain" ...quelques prunes, pommes et poires feraient l'affaire !

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  3. D'explorateurs ou aventuriers, certains avaient déjà la fibre de la brocante ! Heureusement... Vaut mieux être meunier que maraudeur ! Sic ! Compresse qui pourra !

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