05 mars 2021

On est du pays de sa jeunesse !

Ne croyez pas que je sois bloqué dans ce blog et à bout de souffle, mais plutôt à court de pittoresques souvenirs de mon enfance. On en a tous !

Ces fameuses années 50 et toutes les suivantes, quand nous étions encore en courte culotte, sont bien loin à ce jour ! Qu'en reste-t-il ? Sinon qu'une... cinquantaine d'histoires à raconter. Ce qu'on a fait, avec vous !

Ce blog se mettra maintenant en « stand-by » pour utiliser un terme qui n’existait pas au temps des tableaux noirs.

Néanmoins, si parmi les nombreux visiteurs et fidèles commentateurs, une idée, une anecdote vous revenaient à l’esprit, n’hésitez pas à me la transmettre par message privé ou par mail, afin qu’on puisse l'agrémenter, la croquer, la broder pour la partager tout en restant fidèle aux habitudes de l'époque.

Un dernier mot que je vous dois : merci à vous tous qui m’avez fait le plaisir de lire et de sourire de ces nombreuses notes qui racontaient ce que nous avons presque tous vécu.

 

Bref... je ne refuse pas de vieillir, mais je m'efforce à garder ma jeunesse ! 

En voici la preuve ! 

Salut ! A+

Michel.....    MDW

01 mars 2021

Je leur érigerais bien une stèle en leur hommage !

Depuis toujours, les histoires s’achèvent en général par le même mot écrit en trois lettres : F I N

Ce récit de mes souvenirs des années 1950 et après, pourrait si ma mémoire en était capable, se poursuivre sans fin jusqu'au moment... quand se termine notre enfance ?
Mais quand exactement ? 
A  l’adolescence ? Par les premières amourettes ? Mais alors, c'est là que débute la vie privée de chacun de nous. Avec ses petits secrets, ses jardins secrets. Et ses grandes émotions.

Tiens... pour parler d’émotions, je me souviens de ces moments émouvants qu’en famille, nous vivions tous... à l’écoute attentive des lettres de Nouvel An lues par le bambin de la maisonnée.

Tremblante entre ses petites mains, la lettre soigneusement caligraphiée commençait par ces mots “Chers parents, ou Cher parrain, chère marraine”....
Quand ce fut mon tour, je me souviens d'avoir récité avec empressement mes voeux comme on débobine un "je-vous-salue-marie".

En échange ces émouvantes lectures et les doux baisers, le petit orateur recevait un billet qu’il s’empressait d'en regarder la couleur.


Sur ce dernier dessin sont représentés mes deux grands-pères Charles De Witte (à gauche) et Fleurice Bouquillon (à droite) que j’ai caricaturés d’après les deux uniques photos à ma disposition et, qui me permettent d’imaginer leur frimousse.  

Mais les autres aïeul.e.s... comment étaient-ils.elles ? Quel était leur visage ? Avaient-ils.elles bon caractère ? Etaient-ils patriotes ? Ont-elles beaucoup enfanté ?  Je n'ose m'imaginer que, depuis la Révolution Française, trente ancêtres se sont unis et ont mélangé leurs gênes pour devenir ce que je suis. 

Je leur érigerais bien une stèle en leur hommage !  

27 février 2021

Une brique dans le ventre ?? Les "Briqu'teux" l'ont dans le coeur !

Dans les années 50, la briqueterie du Touquet, “du Progrès” en raison sociale, n’avait qu’une trentaine d’années d’existence.    (L'an prochain, en 2022, elle célébrera son centenaire !)

Les gosses que nous étions à cette époque n’avaient guère beaucoup d’idées au sujet de cette usine où on cuisait des briques. 

Cependant, quelques bons souvenirs me sont restés en tête !

Je revois ces séchoirs à l’air, recouverts de bambous ou de chaume, où des briqu’teux empilaient les briques toutes molles encore pour les faire sécher au gré du vent.
Je revois ces huit colonnes pyramidales noires bitumées, dont certaines furent construites par mon grand-père Fleurice Bouquillon. 
Et cette haute cheminée ronde crachant la fumée de cet impressionnant "grand four" Hoffman dans lequel les hommes pénétraient pour empiler les briques à cuire sous le feu au charbon. 
Une voie ferrée traversait même la briqueterie pour l'approvisionnement ou les livraisons. 
 
Enfin, je n’oublie pas ces chargeurs, appelés “hommes de cour”, qui faisaient grossir les stock ou  chargeaient inlassablement les camions envoyés tout partout en Belgique pour approvisionner les chantiers.

A toutes ces images ancrées dans ma mémoire enfantine,   sont venus s’ajouter quarante années de collaboration au sein de la Briqueterie de Ploegsteert.
Retraité, je suis fier d’avoir pu ajouter ma petite pierre à l’évolution de cette impressionnante firme !

En hommage à tous ces briqu’teux, qui y ont apporté leur courage ou leur savoir-faire, j' ai dessiné deux "hommes de cour" que je baptiserai : “les Briqu’teux Inconnus” .



25 février 2021

Qu'est-ce que ça sent ?.... Ça sent la fin !

Au risque d’être ennuyeux avec le Covid, mais le premier signe des contaminés symptomatiques est, parait-il, la perte de l’odorat !

Par contre, ma mémoire olfactive ne devrait pas me faire défaut, même un demi-siècle après avoir reniflé certaines odeurs qui m’ ont chatouillé les narines. Ces senteurs n’embaument plus beaucoup, aujourd’hui, nos lieux d’espaces communs.

Au fil du temps, d’autres parfums sont apparus et se sont vulgarisés grâce à des petits cartons appelés “sent-bon”, qu’on glissait dans le... missel ! De quoi se divertir sans se faire pincer,  l’esprit entre l’épitre et l’évangile. Ooh, le péché véniel !   

Tout ça, c’est du passé, mais il y a plus grave ! Beaucoup plus grave ! Il faut affronter maintenant les odeurs des gaz d’échappement, les puanteurs des cochons entassés l’un sur l’autre  sur caillebotis,  les relents de fritures, et même les arômes bizarres des... vapoteurs.

Bref, deux images me sont restées en mémoire :  
- je vois encore cette brave vieille dame qui prise, c’est-à-dire qui renifle énergiquement une fine poudre brune de tabac qu’elle pince entre le pouce et l’index. Et hop, direct dans le nez en inspirant bruyamment.  Curieux, j’en ai senti, doucement, pour savoir comme ça pique ! Oui, et en plus,...a..aa...aaa... TCHOUM !
- je revois encore ces élégantes madames, qu'au théâtre on les appelle "Madame Chapeau"  enveloppées d’un âcre remugle de boules de mites révélant le soucis conservateur réservé aux frusques pendues dans la garde robe.

Mais, franchement, tout cela était très bien ! Pour le plaisir de revoir ces scènes,  j’ai croqué cette ambiance en vous invitant : "Sens..."...(du verbe sentir, à l'impératif)


24 février 2021

Blague à part, ou blague à tabac

Le dessin que je vous présente cette fois-ci, illustre une scène d'antan très courante  et qui ne se voit plus de nos jours, ou presque !

Gosses, nous avons souvent été témoins de gros fumeurs : l’un bourrait sa pipe, l’autre roulait une cigarette. En voyant cette dextérité,  on n’aspirait seulement avoir l’autorisation de pouvoir “faire comme les grands”. Sauf que les intrépides osaient se risquer à fumer en cachette et tenter d’... “avaler la fumer”, pour faire les costauds.

Il n’en est plus du tout pareil aujourd’hui : les fumeurs sont devenus des “pestiférés” qui ne peuvent plus empester les bistrots, les restaurants, les locaux publics, les ateliers, les... etc..
De plus, tous ces lieux leur sont interdits... pour le bien de leur santé... et celle des autres. 
Mais  pour l’état... ça rapporte gros. Alors, il lui faut pas trop interdire pour se donner bonne conscience.

Savez-vous ce qu’est le scaferlati ?
Scaferlati est le nom donné au tabac finement découpé en lanières. Il est moins utilisé de nos jours, mais existe encore commercialisé sous différentes couleurs, parmi lesquelles on retrouve un type de tombac qui fut très populaire, le gris.




La chanson “Du gris”, vous connaissez ?

Eh Monsieur, une cigarette  ---   Une cibiche, ça n'engage à rien

Si je te plais on fera la causette.  ---   T'es gentil, t'as l'air d'un bon chien

Tu serais moche, ce serait la même chose   ---   Je te dirais quand même que t'es beau

Pour avoir, tu en devines bien la cause.   ---   Ce que je te demande: une pipe, un mégot

Non pas d'Anglaises, ni d'bouts dorés    ---   Ce tabac-là, c'est du chiqué

Du gris que l'on prend dans ses doigts.  ---    Et qu'on roule

C'est fort, c'est âcre comme du bois    ---   Ça vous saoule

C'est bon et ça vous laisse un goût    ---   Presque louche

De sang, d'amour et de dégoût    ---   Dans la bouche

22 février 2021

Des convois funèbres...

Depuis toujours, les familles vivent avec beaucoup de tristesse le décès d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une soeur, d’un enfant....

Que la mort soit inopinée pour une personne en bonne santé, ou attendue pour un grand malade en fin de vie, cet événement douloureux plonge tous les membres éplorés dans un immense chagrin.

Autrefois, dans les villages, une personne presque attitrée se chargeait d’apporter ses conseils en tant que croque-mort. Elle se chargeait de déclarer le décès à l’administration communale, de faire imprimer le faire-part mortuaire, de commander le menuisier pour la mise en bière, et prévenir le curé pour la date de l’enterrement sans oublier de convoquer le cocher du corbillard.

Jadis, le cortège funèbre se déroulait suivant une tradition immuable et de laquelle se dégageait la notoriété du défunt ou son humilité.

Tandis que les cloches de l’église sonnaient la fin de l’office des funérailles, le cortège se formait en silence et sans “maître de cérémonie”.
Patiemment, ou en piaffant du pied, le cheval tractant le corbillard, attendait l’ordre du son maître, tandis que des porteurs hissaient le cercueil sur cette sombre charrette parée de tentures noires.

Aussitôt derrière l’attelage, les hommes se rangeaient en rangs de trois selon le degré de parenté avec le disparu. Ils portaient tous une bande de feutre noir au revers du la veste.
Derrière eux, les femmes, toutes de noir vêtues, se regroupaient aussi. Chapeau, manteau, tailleur, bas, souliers, tout était noir, de même que le voile qu’elles s’étaient mises sur la tête pour porter le grand deuil et cacher aussi leurs abondants pleurs.

Lorsque le convoi était prêt pour se rendre au cimetière, le curé avec deux enfants de choeur arrivèrent et se postèrent à l’avant pour ouvrir le cortège.
Selon la personnalité du défunt, une société musicale ou des portes-drapeaux pouvaient aussi précéder le clergé. Les cordons du poêle étaient confiés aux notables de la paroisse.

La marche était lente, silencieuse, pour finir dans de sourds murmures émanant des nombreux amis qui tenaient également à accompagner la famille pour assister à la mise en terre et la présentation des condoléances par de rapides ou molles poignées de mains.



19 février 2021

“ T’as des patins à roulettes ?”

On devait avoir l’âge de la communion solennelle.

Entre garçons fréquentant le collège St-Henri, cette question venait souvent sur nos lèvres. Pourquoi ? Parce qu’aux récréations, la pratique de ce “sport” était autorisée sur la grande cour. Voire encouragée.

D’abord hésitantes pour les néophytes, les premières enjambées des patineurs froussards prêtaient à rire car, les copains spectateurs s'attendaient de voir les culbutes et les chutes sur leurs derrières.

L’équilibre, en patins à roulettes, c’est comme pour le vélo : il se fait attendre, ou on l’acquière instinctivement, après quelques coups de pédales. Et nous voilà partis.

L’anecdote la plus savoureuse de ce loisir de collégien est bien celle de ces immenses rondes rassemblant tous les patineurs qui venaient s’accrocher à la chaine lors de son passage et qui tournait autour du plus costaud qui résistait à... la force centrifuge. Toujours elle.

Aux extrémités, les meilleurs patineurs, rapides et intrépides, venaient s’y ajouter mais... au prix de quelques frousses bien grisantes par la vitesse !

Au coup de sifflet de fin de récréation, on se déchaussait des patins pour les suspendre aux épaules par les lanières.

J’en éprouve encore du plaisir rien qu’en l’écrivant.

- “Dis donc, as-tu roulé en patins à roulettes ?”



18 février 2021

On était bien reçu...dans le bus !

Pour le peu que mes notions d’histoire locale sont bonnes, la ligne d’autobus reliant Ypres au Bizet doit certainement être la plus vieille de la région. Elle fut mise en route par “Jean Fait Tout”, parce que l’homme “savait tout faire”, Son nom :Jean Cousin. Pour savourer l’époque dont il s’agit, voyez cette carte postale ancienne on l’on devine l’ambiance.

Parmi les quelques voyages en autobus, en passant devant le Mémorial et par la côte de Messines j’ai surtout retenu... la présence du Receveur dans le bus.

Comme le conducteur à qui il était interdit de parler, ce monsieur, qui allait et venait dans l’allée du car, avait de la classe. Coiffé d’une casquette, il portait un tablier jaune avec un revers bleu et semblait surveiller les gens.

Après chaque halte tous les 500 m, il allait voir les gens qui venaient d'embarquer en leur demandant leur destination. Après un bref calcul dans sa petite tête...et il réclamait quelques francs pour payer la course, tandis qu’ il ouvrit une boîte bizarre en bois, plate comme un livre, pour en déchirer un petit ticket agrafé à différentes petites liasses. Tout ces petits papiers étaient soigneusement maintenus par un élastique tendu, qu’il remettait au voyageur en guise de preuve de paiement.
Avant de glisser le prix du trajet dans sa sacoche en bandoulière qu’il secouait avec plaisir, il refermait énergiquement sa “drôle de boîte” dans un gros bruit sec qui me faisait sursauter.

Quel beau travail de concentration ce monsieur me donnait là : il mémorisait tous les trajets de chacun des clients et devait l'annoncer 300 m avant l’arrêt demandé, par un petit coup de sonnette à l’intention du chauffeur. 

Pourquoi raconté-je en détail mes premiers voyages de “transport en commun” ? Il n’y en avait d’ailleurs pas d’autres. 
Son travail me fascinait !
Cela devait être un beau métier.
C’est ce que je pensais quand j’avais 6, 7 ans !
On était encore loin des Go Pass !






17 février 2021

Déjà gymnastes...souvenir !

 Ce n'est pas un dessin illustrant un souvenir d'enfance que je vous propose aujourd'hui, mais bien une rare carte-postale que nous prête aimablement notre ami Raoul, fidèle lecteur et commentateur de ce modeste blog.

Il vient de retrouver dans des archives familiales, une photo cachetée des Gars de la Lys de Ploegsteert, représentant une pyramide combinée par cinq gymnastes n'ayant peur de rien ! Quoique la stabilité semble être sûre. 

 Comme ce club sportif a vu le jour après la Libération, il ne serait guère étonnant que cette photo doive dater des années 50.  Hélas, Raoul ne reconnait personne. Moi non plus.  Nous sommes trop jeunes. 

Peut-être qu'un nonagénaire parviendra à y mettre des noms. Si vous en connaissez,... n'hésitez pas à les y inviter à répondre à notre interrogation. 



 

16 février 2021

Précautions d'avant l'au-delà !

Complètement disparu aujourd’hui, ce rite d’église se déroulait souvent très tôt le matin, et par tous les temps, alors que le jour n’était pas encore levé ! On appelait cette “promenade” très matinale, “porter l’extrême-onction”... c’est-à-dire, pour le curé de la paroisse : aller administrer le dernier sacrement à un grand malade en fin de vie, avant qu’il ne lâche son dernier souffle.

Pour la famille déplorée, cette venue du curé la rassurait dans le sens que le mourrant allait pouvoir entrer au paradis car tous ses péchés en seraient pardonnés... sans passer par la case “purgatoire”.

Il faut avoir la foi catholique pour comprendre cette mystérieuse et ultime bénédiction.

Le curé, ayant revêtu son surplis, son étole et la cape, coiffé de sa barrette, traversait le village en tenant précautionneusement dans ses mains les saintes huiles qui serviront à oindre le front du grand malade, après lui avoir donné l’absolution.
Cette promenade exceptionnelle, silencieuse, exigeait le respect des éventuels passants qu’il rencontrerait. Pour les avertir de ce dévot passage, le prêtre était précédé par un enfant de choeur qui avait pour mission d’agiter une clochette et de porter une lanterne en guise de lumière spirituelle.

Le rendez-vous terminé, l’enfant de choeur pouvait rentrer à la maison sans tarder car... l’heure de l’école sonnait !



15 février 2021

On fait une carcasse ?

Cette question : on ne se la pose plus entre gamins. D’ailleurs, qui, aujourd’hui sait de quoi il s’agit ?

“Carcasse”... en patois Chti d’autrefois, signifiait un cert-volant bricolé par des petites mains de gosses.

Je peux en parler... puisque j’en ai faites. Mais...mais... par sincère humilité... elles n’ont jamais voler. Pourquoi ? Je n’en sais encore rien. Mais, je suppose qu’elles devaient être trop lourdes, mal équilibrées, trop lestées....

Après les moissons, alors que sur les champs il ne restait plus que les chaumes et les “käout”, il nous venait souvent l’envie de fabriquer un cerf-volant.
Pour cela, il nous fallait deux scions de saule ou de bambou que l’on fixait en croix. Les extrémités étaient reliées par une cordelette autour de laquelle venait se coller un grand papier gris. Encore une longue ficelle accrochée la carcasse qui permettrait l’envol bien haut, toujours contre le au vent. Pour cela, il fallait se mettre a courir vite tandis que le copain lançait notre carcasse à la verticale pour un bonne prise au vent.

Cent fois, avons-nous recommencé ce geste ! Décidémment, notre cerf-volant ressemblait plus à une baudruche gonflée qu’on lache et qui se met à tournoyer dans tous les sens !

Que faire : corriger , alléger, ajouter une queue, courir plus vite ?
A force d’insister pour faire “voler cet objet volant identifié” , nous fûmes parfois récompensés par un superbe envol si haut que la longue et fragile cordelette, en position presque verticale, se cassa ... Aie, aie... notre carcasse disparut au gré du vent ! Où ? Nous n’avions plus qu’à en refabriquer une autre,... améliorée !



13 février 2021

J'ai rêvé d'une kermesse avec des vedettes !

Quand j’étais petit, les kermesses de mon village,... je les attendais avec impatience !

Pour quelles raisons ? Une effervescence joyeuse allait s’installer dans les familles : petits et grands y trouveraient leur bonheur.

Il suffisait de lire le programme, imprimé sur des grandes affiches aux bordures noir-jaune-rouge, pour aspirer nerveusement que la ducasse commence par cet hymne national diffusé dans les rues par de très gros haut-parleurs, et annoncé par “la voix du micro” (dans le gosier d'Arthur). 

Je me souviens :
- de ces lâchers de ballons de baudruche
- de ces silencieux concours de pinsons où l’on comptait les “pitchewit”
- des ces manèges installés ça et là avec leur pompon balloté intelligemment par le forain 
- de ces jeux organisés dans des rues par un dévoué Comité des Fêtes (Merci encore)
- de ces concerts "apéritif"  sur kiosque offert par la fanfare locale
- de ces défilés colorés toujours composés de gais-lurons
- de cette populeuse braderie des commerçants qui “sortaient” tout leur bazar et fonds de tiroirs 
- de cette course cycliste “pour indépendants”, avec pour final, le bouquet et sa miss
- et...  de tous ces communiants solennels suivis de leur famille tirée à quatre épingles....

Mais, aujourd'hui en 2021, un événement imaginaire me revient à l’esprit : celui de la Course à Sac prisée par les adultes autant que par les enfants. Certes, les prix n’étaient pas bien gros, mais une bonne rigolade garantissait la récompense.

A l’époque, j’avais qu'une petite dizaine d’années... et, jamais, je n’avais imaginé que 70 ans plus tard, j’aurais encore éprouvé autant de plaisir à la croquer.


12 février 2021

“C’est de la flotte, ton café !”...

S’il y a bien un geste très familier qui était quotidiennement souvent répété jadis, et qui n’existe plus à ce jour, c’est...”faire du café”.

On peut même se demander si les jeunes d’aujourd’hui seraient capables de nous préparer un bon café autrement qu’avec une machine Nescafé ou Senséo !

Alors, à leur intention, je me suis amusé à dessiner une scène humoristique qui illustre bien une boutade que nos vieux aimaient se lancer à la figure lorsque le café était... trop clair, raté, voire imbuvable.

- “C’est du jus d’ chaussette, ton café !” ou bien...
- “On voit l’ fond de l’ jatte”....

Autrefois, le café se moulait (du verbe moudre) dans un “moulin à café” maintenu entre les genoux et dont il fallait tourner une manivelle pour écraser les grains de café qui tombait en une poussière brune et odorante dans un petit tiroir qu’il fallait ensuite transvider dans le filtre en tissu de la cafetière. Ca ressemblait à un manchon fermé maintenu par un anneau en haut de la cafetière.

Lorsque la bouilloire se mettait à siffler indiquant que l’eau bouillait, on pouvait verser alors la flotte bouillante lentement sur le café moulu contenu dans le filtre. En coulait, en principe, le délicieux liquide noir répandant dans la cuisine ce bon parfum matinal...qui ne méritait jamais la comparaison à... du jus de chaussette !

Pour l’humour de mon dessin, monsieur s’assure qu’il n’y a pas de trou dans sa chaussette avant de dépanner le vieux filtre usagé et troué de la cafetière, tandis que madame, amusée, moud.


 

11 février 2021

La jarretière tombe en désuétude

Ce “papier” mérite-t-il de s’inscrire dans ce blog réservé à mes souvenirs d’enfance des années 50 ?

Malgré l’absence de souvenirs certains, je n’ai pu m’empêcher de dessiner une scène imaginaire, telle que je me la présentais dans ma petite tête.
Je devais avoir l’âge ingrat lorsque j’entendis quelques témoignages à propos de la jarretière de la mariée.

Ce n’est que bien plus tard que mon imagination fertile dut en supputer le petit brin érotique que devait se dégager de cette tradition.

Comme dans “affaires conclues” (sic), on mettait aux enchères la “jarretelle” de la mariée. Quel privilège pour celui qui avait remporté “la mise” de pouvoir ôter cet accessoire vestimentaire caché sous la robe et qui servait à maintenir le bas tendu enveloppant la jambe. Et de plus, la tradition voulait que ce geste se fasse... avec les dents. J’imaginais le péché contre le 6e commandement !

Ca a été mon premier fantasme. Et dieu sait s’il a perduré dans ma cervelle !

Bref ! Inutile d’en dire plus... Je vous laisse le soin de deviner l’ambiance joviale de ces inoubliables moments !


 


09 février 2021

Et gai, gai, gai, et bon, bon, bon

Les vieilles traditions d’antan respectées lors des noces semblent bel et bien disparues.

Il ne faut pas chercher loin pour un deviner les raisons : les mariages entre jeunes amoureux se concluent de moins en moins, plus encore s’ils sont suivis par la célébration d’une messe parfois très cérémonieuses.

Les amis des mariés, les voisins, le public aimaient être spectateurs de ces rares joyeusetés qui rassemblaient deux familles. Les hommes enfilaient leur plus beau costume en accrochant une fleur la boutonnière. Les dames inauguraient fièrement la toute nouvelle toilette de circonstance sans oublier de se parer des bijoux hérités ou hors de prix.

Après la messe, une coutume amusante m’est restée en mémoire lors de la sortie des mariés. C’était le moment du “ouf” soufflé par le jeune couple qui pouvait enfin évacuer son “stress”. Ce mot n’existait pas à l’époque mais la tension nerveuse était bien là, et tout autant chez les parents. Il leur fallait alors chercher au fond de la poche ou dans l’aumonière une pièce à déposer dans le plateau que les enfants de choeur présentaient à la sortie de l’église. Sans cela, ils tenaient un cordon à travers l’entrebaillement de la porte, à hauteur des visages en guise de barrière.

Dans les mêmes instants, souvent un tintamarre surgissait : “Boum...Paf paf....boum”....Quelques invités à la noce, dissimulés quelque part, savouraient le plaisir à lancer de gros pétards allumés qui explosaient avec fracas, à la grande surprise de tout le monde.

C’était le signal de départ : la fête pouvait commencer ! Vin d’honneur, ripailles, avec bal et générosité !



08 février 2021

Les débuts de la télévision

Gamins, à peine âgés d’une dizaine d’années, l’an 2000 nous fascinait ! 

Je me souviens que "Mononcle Maurice" disait toujours : “Le jour où quelqu’un ira sur l Lune... il ne reviendra pas !”. Et pourtant, il y a bien un certain Armstrong qui “a marché sur la Lune”... en juillet 69 ! Même que ses premiers pas “de géants” ont été transmis en télévision. Quelle prouesse technologique... incessante  ! Si belle que les “gamins” d’aujourd’hui, possèdent presque tous une “télévision de poche” !

Vers 1953, les premières émissions de télévision “grand public” se créent ! Les premiers “postes” arrivent sur le marché. Dans ma rue, un commerçant-électricien sent la bonne aubaine pour ses affaires et s’investit dans cette nouveauté : la télé.

Comme sa façade présente un grand étalage, il installe un gros téléviseur sur une table surélevée de sorte que de l’extérieur, les passants puissent regarder les images qui défilent sur ce petit écran bombé. Cette initiative ne tarde pas à devenir l'incroyable potin du coin et du village tout entier !

Bien vite, les gens se pressent pour venir découvrir cette étrangeté, agrémentée du sourire de la speakerine Catherine Langeais, tout en respectant les règles de l’élémentaire courtoisie : les petits devant, les grands derrière.
Ainsi, les enfants auront le privilège de pouvoir s’avancer au plus près de la fenêtre le front contre la vitre. Les adultes, debout à l’arrière, regarderont intrigués par cette boîte magique qui envoie des images et du son. “Chuuut” murmure-t-on dans le public !

Voilà pour le décor ! Mais, je  veux vous raconter l’anecdote la plus pittoresque de l’histoire de mon village : comme les gosses voulaient tous bien voir l’écran, les plus gringalets se faisaient bousculer. Par contre, les plus grands réussissaient toujours à se faufiler “au premier rang”...en s’appuyant le nez contre la vitrine. Mais à l’intérieur du magasin, d’autres jeunes spectateurs privilégiés, serrés et accroupis, assistaient aux “émissions” quand l’un d’eux eut l’idée farceuse mais saugrenue de...couper discrètement le ruban de la persienne.

Aussitôt, le rouleau se libéra et la persienne chuta subitement pour cogner le premier obstacle : la tête d’une jeune fille, plus grande que tous les gosses à côté d’elle.

Qu’il me soit permis de l’identifier parce qu’en ces lignes, je veux lui rendre hommage pour la serviabilité et la gentilesse qui l’ont caractérisée toute sa vie. Jeanette, figure pittoresque et dévouée de mon village, est hélas décédée en septembre 2019.

Quant au farceur d’il y a 65 ans,... le mystère règne toujours.

 


07 février 2021

Rien à déclarer ?

Cette question, mille fois posée lorsqu’on passait la frontière franco-belge, n’est plus d’actualité. La jeune génération en connait-elle les raisons ?

Autrefois, on ne passait pas d’un pays à l’autre. Des barrières installées en travers de la route, et gardées par des douaniers, empêchaient la circulation des gens et des marchandises de la Belgique à la France, et vice-versa.
Fort heureusement, les pays avaient conclu un accord pour autoriser les travailleurs étrangers à passer la frontière. Mais attention,... il leur était fortement interdit de transporter sur eux, ou cachés sur leur vélo ou dans leur véhicule, des produits plus rares ou plus chers dans l’autre pays.

Dans mon village, entre les deux barrières qui obstruaient la chaussée principale, un espace d’1m50 permettait le passage des cyclistes qui devaient mettre pied à terre devant le douanier de faction :
- “Vous avez quelque chose à déclarer ?” Souvent la réponse était négative, mais, méfiant, le préposé en uniforme kaki vérifiait de visu :
- “Ouvrez votre sac !” ! Jamais, il ne trouvait une bouteille de Fine 3* ou un paquet de Brouteux ! Mais l’ouvrier frontalier, pour arrondir ses fins de mois, avait plus d’un tour dans son sac pour dissimuler sa petite fraude : il cachait le tabac sous son couvre-selle ou ailleurs. On avait de l’imagination, à l’époque.

Les dames, portaient sous leur longue et large jupe un sac allongé en tissu léger pour y glisser le litre de rhum ! Elles prenaient un risque car, souvent, une “visiteuse” attitrée était présente au poste pour palper les formes de ces dames en espérant prendre la fraudeuse en flagrant délit.

J’ai un souvenir cocasse : bien plus tard, avec ma première voiture, je reviens du marché d’Armentières pour y avoir acheté 10 kg de pommes de terre. Je passe la douane en ouvrant mon carreau :
- “Rien à déclarer ?” - “Si, des pommes de terre !” - “Ouvrez votre coffre !”
Ce que je fais. Il voit le filet rempli de beaux tubercules en me demandant :
- “Elles sont bonnes à manger, ces patates ?” Devant mon silence étonné, il appelle son collègue.
- “Regarde....” pensant obtenir l’appui de son copain. Mais, celui-ci se contenta d’hausser les épaules et tourner le dos.
- “ Bon ! Allez, c’est bon pour une fois !”

Toutes ces formalités douanières, avec les simagrées qui les accompagnent, ont disparu depuis le 1er janvier 1993 ! Mais... il y a encore du boulot : drogue, contre-façon, fraude fiscale.... se cachent plus facilement que mes patates !

 


06 février 2021

C'est une bière qui vient de la cave !

Autrefois, les rues des villages s’animaient toujours autour d’un ou plusieurs cafés où les clients habituels se rassemblaient pour raconter ou écouter les “potins” du quartier. Parmi eux, il y avait les inconditionnels piliers de comptoir, qui appuyés sur le zinc, buvaient leurs bières les unes après les autres. Souvent cuités, ils rentraient chez eux à pied, en zigzaguant sur le trottoir, ou en vociférant d’indiscutables vérités !

Comme la bière forte n’était consommée que dans les bistrots, dans les maisons on se contentait lors du repas, de boire une bière légère qu’on appelait “BST” , bière spéciale de table, que seul, le brasseur du coin pouvait livrer à domicile.

Pour l’avertir d'un approvisionnement demandé par les clients, on posait la basse caisse en bois contenant les bouteilles vides sur le trottoir et ainsi marchand de boissons savait qu’il pouvait livrer des bouteilles pleines à descendre à la cave en affichant  toujours un sourire, tout en descendant les marches...

Avant de partir, la maitresse de maison lui payait la caisse de bière par un petit billet et quel plaisir, pour le brasseur, de secouer sa lourde sacoche de cuir en faisant tinter les pièces avant de lui rendre la monnaie. 

Un service à domicile fort apprécié qu'aujourd'hui, plus personne n'oserait demander à un brasseur. 

 

05 février 2021

Ecoute le poste à galène

Chez moi, à l’époque, il n’y avait qu’une seule grosse prise de courant visée dans un mur de la cuisine, la pièce principale de la maison. Elle n’avait que deux utilités : le moulin à café électrique et... le poste T.S.F. (Télégraphie Sans Fil)

Grâce à l’écoute de cette “radio”, nous découvrions le Journal Parlé et les émissions Quitte ou Double, le Crochet ou encore Les Disques demandés. On était en effet très loin de ce que l’on utilise aujourd’hui pour s’infliger les niaiseries musicales ou l’abondance des publicités.

A l’heure du coucher, mes frères et moi voulions encore écouter cette performance radiophonique. Mais comment y parvenir dans le silence ?
Grâce à la magie de la galène, nous sommes parvenus, grâce à de gros écouteurs en métal plaqués contre les oreilles à entendre de la musique émise par une station lilloise diffusant du kabyle et distillant sans arrêt des mélodies nord-africaines.

A vrai dire, c’était un bon somnifère. On ne comprenait rien mais on aimait écouter le résultat de notre ingénieux savoir-bricoler : Il fallait du fin fil électrique, une bobine appelée “self”, un détecteur et... une galène qui ressemblait à une gaillette d’anthracite. Le tout fixé dans une planchette de contre-plaqué, et relié à une fil d’antenne extérieure et une prise de terre. Patiemment, il fallait titiller la galène avec la pointe du détecteur jusqu’à ce la captation des ondes se fit. Sans électricité ! Quel miracle !

C’est vrai, qu’aujourd’hui, tout cela peut paraître compliqué ! Rien à voir avec le... smartphone, cette petite télé de poche ! 




04 février 2021

Les indispensables “Petites Soeurs”

Actuellement, en cas de problème pour blessure, on file “aux Urgences”

Jadis, en pareils cas, on courait chez les “Petites Soeurs de la Providence”.

Il est bien loin ce temps où l’on pouvait faire appel à l’aide toujours bienfaisante des révérendes Soeurs de la Divine Providence : n’importe quand et par n’importe qui.

Vivant en communauté dans un petit couvent, ces religieuses, qu’on dit mariées à Jésus, et consacrant leur vie à Dieu, voulaient aussi porter secours aux malades et aux blessés par leur savoir-faire infirmier et leur infinie patience.
Elles allaient partout pour assurer les soins de santé que prescrivaient les médecins.

Elles se rendaient aux domiciles des gens, sans distinction. Tous, nous pouvions compter infailliblement sur ces nonnes pour assurer les piqûres, renouveler les pansements, appliquer des ventouses, désinfecter des plaies,.. tout cela sans jamais devoir payer un seul franc. Heureusement, les familles savaient aussi se montrer généreuses et jamais rien ne leur a manqué pour vivre pendant plus d’un demi-siècle.

La congrégation a quitté Le Bizet en 1986 en en laissant le bâtiment de son couvent à la maison “La Source”. Par ces lignes, je voulais leur rendre un nouvel hommage.

Mais pour la petite histoire des années 50, je me souviens que, nous les petits garnements espiègles, ne connaissions pas le danger et quelquefois, un petit accident surgissait par trop d’imprudence ou de... chamailleries en blessant l’un d’entre nous. Ou une fillette en se coupant ou en se brûlant !

Vite, le même réflexe venait à l’esprit des parents : “Allons voir les Petites Soeurs”.
Rien qu’en tirant la sonnette, les pleurs du petit blessé séchaient. Une dame souriante, toute de noir vêtue, portant une coiffe bizarre, apparut et examina aussitôt la plaie, posa quelques questions, écouta les courtes réponses hésitantes et reniflantes. Prudemment, la dévouée nonnette avertit que “ça va piquer un peu”...tout en imbibant une boule d’ouate pour désinfecter la blessure. On se laissait faire, sans broncher. Un peu de mercurochrome rouge, un pansement en tissu pour protéger la plaie et... “voilà, c’est fini” !

Le môme se sentait déjà guéri pour quitter le modeste dispensaire sans omettre le mot magique :

“Merci, ma Soeur !”

J’ai oublié ce que répondait la Bonne Soeur, mais son doux regard en disait long ! Jésus devait être content !


03 février 2021

Qu’est qu’on peut vous servir ?

Autrefois, les enseignes “Café du Commerce” n’étaient pas un vain mot.

Si aujourd’hui, pour comparer les ragots débattus autour d’un zinc, on n’hésite pas à certifier que leurs origines se situent... au Café du Commerce”.  Ou bien : "Ch' est li qui l'a dit !"

Autrefois, on pouvait entrer dans un bistrot presque à tous les coins de rue. Certains estaminets présentaient même une particularité très appréciée : on pouvait souvent y faire quelques achats “essentiels”.

Du temps de notre prime jeunesse, qui n’a pas connu par exemple :
- la cabarétière qui s’activait derrière son comptoir, tandis que son mari vendait ses bifstek dans la pièce voisine ?
- la tenancière servant ses pintes, tandis que le patron coupait les cheveux d’un client, dans un petit salon adjacent ?
- le cafetier discutant avec un pilier de comptoir tandis que sa femme pesait des rollmops ou de la morue, un vendredi : jour du poisson ?
- le bistrotier, tout en ressuyant les verres à bière, surveillait du coin de l’oeil un client qui épeluchait un journal avant de l’acheter, ou de partir sans le payer ?

Ces débits de boissons ont disparu à ce jour. Et peut-on dire pourquoi ?
A vous d’avoir votre petite idée !


 

02 février 2021

Faire des provisions de charbon

Autrefois, pour se procurer les denrées alimentaires, il fallait se rendre chez le boulanger, chez le boucher, chez l’épicier ! Pour l’habillement, on trouvait dans chaque village un couturier, un cordonnier, un quincaillier. Pour la coquetterie, les bijoutiers avaient toujours un beau choix doré ou argenté.

Quant à se chauffer, comment s’y prenait-on ? On utilisait énormément le charbon que le marchand amenait sur sa charrette à bras chargée en sacs de 50 kg. qu’il avait préalablement chargés à raz-bord. Arrivé chez le client, il pouvait se retrousser les manches pour les décharger à la force des bras et les rentrer dans la maison. Attention les meubles, il devait aller les vider dans un “kotje” sombre toujours situé à l’arrière de l’habitation. Dans un geste automatique, il laissait tomber sa charge dans un nuage de poussière noire, pour ensuite poser les sacs vides sur le sol et les compter pour prouver la quantité fournie en vrac.

Ces achats représentaient toujours une grosse dépense pour les familles mais, rassurées : l’hiver pouvait être rude, elles avaient de quoi se chauffer.




01 février 2021

Les “crinchons d’hayiure” tournent la page précédente.

Si les rues du village n’étaient pas encombrées d’une dangereuse circulation automobile telle qu’on connait aujourd’hui, elles offraient par contre une animation pittoresque causée par les us et coutumes de l’époque. Tout le monde se sentait bien et heureux avec ses voisins !...

Enfin...à vrai dire, je ne sais pas : j’étais trop jeune pour le savoir et pas plus grand que “trois pommes”, comme “Quick et Flupke” à Bruxelles, ou le petit Gamin de Paris.

Dans notre patois picard, on utilisait une expression typique pour parler de ces petits garçons espiègles : c’étaient des “crinchons d’hayiure” que les adultes aimaient bien mais qu’ils surveillaient de loin avec un regard méfiant ! Car...ces garnements, des petits trainards de rue, cachaient souvent un petit instinct   farceur, chasseur, ou encore bricoleur !

Jamais, ces “crinchons” n’étaient mal intentionnés dans leurs loisirs : en un mot, ils s’amusaient, s’occupaient, découvraient la nature en se débrouillant, en observant, tout en se forgeant un petite personnalité . Parfois rebelle, souvent débrouillarde et serviable.

Que faire avec une loupe ? Grâce à la magie grossissante de l'optique, ils brûlent du papier !
Que faire avec une branche de bois en Y ? Une vieille chambre à air coupée en rondelles et voilà l'élastique pour un lance-pierre !
Que faire avec des vieilles boîtes à conserve ?  Si vous en avez fait l'expérience...  l'espace "commentaire" vous invite ! 

 


30 janvier 2021

C'était avant les vidangeurs...

A la  lecture des savoureux commentaires écrits par nos amis Raoul et Serge, je saisis l'occasion pour enchaîner sur le sujet  des “toilettes".  

Il faut dire que le service de vidange tel qu’on le connait aujourd’hui, n’existait pas à l’époque “d’après la guerre”. Durant celle de 40-45, les habitants souffrirent énormément de la faim. Dans les petits magasins et dans les fermes, tout était rationné !

C’est la raison pour laquelle, dans chaque maison qui disposait d’un petit terrain, on y cultivait toute la surface du jardin afin de récolter un maximum de légumes pour nourrir tant bien que mal toute la famille.

Pommes de terre, poireaux, petits pois, carottes, autant de comestibles faciles à faire pousser en commençant par le bêchage, les semis, le sarclage, la récolte. Le tout... à la force des bras, après les heures de travail en usine, et lorsque le temps le permettait. Les pesticides n’existait pas ! Ni les engrais sélectifs !

Pourtant chaque jardinier voulait être fier de son petit jardinet ou de son grand potager. Il lui fallait bien pourtant trouver le moyen pour engraisser sa terre afin de nourrir les plantes. Après les récoltes et avant l’hiver, il pouvait déposer sur ses terres, le fumier de ses lapins, la pouline de son poulailler, et la colombine s’il était aussi colombophile. Tous ces excréments d’animaux enrichissaient grandement le sol pour les saisons suivantes.

Mais il y avait aussi un autre système pour engraisser ses terres par un travail qui était aussi indispensable. Celui de vider la citerne de son “cabinet”, car, inévitablement, celle-ci se remplissait progressivement lors des visites de tous les membres de la famille.

Cela lui demandait du courage : habillé à l’avenant de cette besogne, la plaque de visite étant ouverte, le père y plongeait son énorme louche fixée à un long manche en bois pour en retirer la mélasse scatologique odoriférante qui déversait dans un seau. Puis, patiemment, il allait déverser le contenu sur le jardin pour aussitôt recommencer l’opération une centaine de fois.

Terminé le vidage de la citerne ? On attendait la pluie en attendant la prochaine saison.
(NDLR : j'aime les détails fournis par la lecture de "la dernière heure" !)

Tant qu'on est dans l'ambiance...

Quelle est donc la bonne expression lorsqu’il faille se rendre... “aux toilettes” ou...”à la toilette” ? Je n’ai pas la réponse et je laisse à chacun la liberté de choisir ses mots pour avertir son entourage qu’il s’absentera quelques instants.

Plus communément, on peut utiliser les deux lettres de l’anglicisme “water-closet” dont je savoure la définition : “pièce contenant un réceptacle permettant à une personne de se livrer à ses besoins de miction ou de défécation”.

Aujourd’hui, ces lieux comportent différents accessoires, du plus simple au plus luxueux : le dérouleur de papier hygiénique, la brosse de cuvette, la réserve de rouleau, le petit lavabo avec son savon, l’essuie-mains et... le nécessaire déodorant privilégiant “au suivant”.


Au début des années 1950, il y avait plus simple pour exprimer le lieu de ces besoins souvent urgents. Un seul mot suffisait : le cabinet !
Il se résumait à une surface d’un peu plus d’ un mètre-carré, avec une grosse planche de bois scellée et posée à l’horizontale à hauteur des genoux. Au milieu de cette planche, un couvercle circulaire en bois recouvrait un grand trou d’une trentaine de centimètres de diamètre sur lequel on pouvait s’y asseoir et y laisser tomber ses “besoins” dans la citerne deux mètres plus bas.

Les soucis de confort hygiénique n’étant pas ceux d’aujourd’hui, le premier geste d’enlever le couvercle libéraient une demi-douzaine de mouches attendant le moment de s’envoler à l’air libre.

Qu’à cela ne tienne, on y passait le temps nécessaire même un peu plus... car, “au cabinet”, il y avait toujours de la lecture. En effet, sur un gros clou planté dans le mur, un tas de feuillets récupérés dans du papier journal permettaient d’achever “la grande commission”.

C’était vraiment une autre époque.... sans chasse !

29 janvier 2021

On reviendra au temps passé !

Restons dans notre si belle époque d’après guerre où tous les vieux souvenirs dégagent une saveur toute particulière, aujourd’hui. Peut-être, parce que nous disposons maintenant de mille et un appareils qui nous facilitent la vie, qui nous permettent de gagner du temps, qui nous demandent moins d’efforts.

Et pourtant... vous, moi, nous n’avons plus le temps de rien !
Jardiner ?... hors de question !
Cuisiner ?... vivent les plats tout prêts surgelés !
Lessiver ?... la machine le fait !
Coudre, rapiécer ?... attends les soldes !
Marcher pour le boulot ?...Pas le temps ! Trop loin !

Bon, c’est vrai, comme il était fastidieux de vivre comme nos grands-parents qui ne chômaient jamais, qui usaient tout jusqu’à la corde, qui économisaient un maximum, qui récupéraient tout ce qui pouvait encore servir ...
Gosse, je me souviens encore de ces rues sans automobiles et monopolisées par des jeux d’ enfants. Les travailleurs s’y déplaçaient à bicyclette.
N’oublions pas le passage des chevaux de trait qui assuraient le transport des lourdes marchandises. Et... chose impensable aujourd’hui, quotidiennement, un troupeau de vaches allaient et venaient de la chapelle rompue jusque de l’autre côté de la douane.

Personne ne s’énervait à la vue de ces bêtes qui circulaient sur la rue, entre les maisons, en y laissant un peu partout et tout naturellement leurs belles bouses.

Aloïs, un brave homme et sans doute excellent jardinier, surveillait toujours les allées et venues de chevaux passant devant sa demeure. Pourquoi ? Sa passion était de récupérer aussitôt les déjections que ces puissants chevaux laissaient tomber de leur croupe. Il connaissait bien la richesse nutritive du crottin pour le jardin !
Avant que les boules fraiches ne s’abiment, Aloïs arrivait avec son seau et sa pelle pour ramasser cet engrais gratuit, tout en rendant la chaussée propre et nette ! 

Jamais, nous nous en sommes moqués. Tout le monde appréciait son geste !



28 janvier 2021

SURPRISE POUR DEMAIN

 Lu et vu dans le journal L'Avenir, sous la plume de notre journaliste Marie-France, un article qui me fait dire que l'histoire est un éternel recommencement.



27 janvier 2021

Je vous présente mon... quincaillier

Notre voisin, Joseph de son prénom, tenait une quincaillerie où le bon bricoleur et l’infatigable jardinier trouvaient “de tout” : du grillage à poule qu’il déroulait sur le trottoir pour le découper “à mesure” à la clenche de porte ou... le vase de nuit.

Quand j’étais encore un gamin, mon papa m’envoya acheter “200 grammes de semences de clou”. J’ignorais ce que c’était mais j’avais bien retenu par coeur la commission que je répétai avec hésitation devant monsieur le quincaillier, un grand gaillard au tablier gris usé.

Derrière son imposant comptoir encombré, il saisit une boîte de carton parmi les dizaines rangées sur des étagères derrière lui. Il se mit à verser ces minuscules petits clous sur un plateau de sa belle balance. Au gramme près pour obtenir l’équilibre avec le poids posé sur l’autre plateau.
- “Voilà les 200 grammes de semences de clou” murmura-t-il en me regardant sévèrement.
Curieux, j’ignorais ce qu’était cette semence : ces minuscules clous d’ 1 cm à tête plate utilisée par les cordonniers pour réparer des semelles de bottines. Mon père était un adepte de la débrouille pour beaucoup de choses. On en a épargné des godasses ! 

Cela dit, Joseph saisit une feuille de papier journal qu’il plia comme un cornet de frites, en replia la pointe, ouvrit le cône dans sa grosse main et y versa ma “semence de clous” par un geste précis . Aucun clou ne pouvait se perdre : ni pour lui, ni pour moi qui devais les payer.

Mais oui ! Il y a 70 ans, on achetait tout en vrac : pas d'emballage plastic ! aucune pollution !  Pas de codes barres non plus ! 



Selon ma petite recherche sur internet, cela s'appelle : "enclume de cordonnier", ou "pied de cordonnier."
Mais chez nous, en patois Chti, on appelait cet outil un "tape-dache".  Car, en plus d'utiliser de la semence dd clou, on avait aussi recours aux "daches", des clous à grosse tête ronde qu'on plantait sur toute la semelle pour éviter qu'elle ne s'use trop vite !    



26 janvier 2021

L’événement de l’année : la ducasse

Dans les années 50, alors que je n’étais qu’un “mioche”, la ducasse du village représentait beaucoup pour moi : les manèges, le cortège, la musique, et... la fête de nuit !

J’ajoute aussi les “grandes communions”. Il n’était pas rare d’ailleurs d’apercevoir, le dimanche après-midi de Pentecôte, des adolescents fort bien habillés portant le traditionnel brassard blanc  s’exciter sur le volant des auto-tamponnantes. Idem pour ces jeunes demoiselles tellement jolies dans leur robe bouffante en tulle, à volants, ressemblantes à des mariées !

Les souvenirs sont innombrables.  Je me ferai ici un plaisir de vous conter le plus “rétro”.  Le programme de la kermesse comportait toujours un “concert apéritif” devant le local de fanfare, ainsi qu’une “fête de nuit” offrant un spectacle divertissant et varié, le tout présenté sur un kiosque typique. 

Heureusement, le dévoué Comité des Fêtes se chargeait quelques jours auparavant d’installer le kiosque au carrefour de la rue de l’église. 
Un kiosque vraiment système D. réalisé à l’aide d’une vingtaine (?) de tonneaux de bière en bois prêtés par un brasseur du coin. Ces comitards roulaient ces lourds fûts de chêne pour les poser selon une ingénieuse “distanciation” (puisque le mot est à la mode).Par dessus, quelques gros bastaings servaient à soutenir le plancher sur lequel viendrait prendre place la société musicale forte d’une quarantaine de musiciens.

Pour la “fête de nuit”, il fallait toujours attendre la parution du programme pour prendre connaissance du spectacle offert. Y a-t-il eu des jongleurs, des illusionnistes ?  Sans doute !   Mais, le plus captivant à mes yeux était... l’exhibition de lutte gréco-romaine  qui, pour moi, était un véritable “match de catch” dont je pouvais déjà distinguer “le bon” et “le mauvais”.  A vrai dire, je ne connaissais rien des règles académiques de cette lutte mais ces “combats” m’impressionnaient beaucoup au point de ne pas pouvoir en dormir par la suite ! 

Lors du montage de ce kiosque, et en attendant l’ouverture de la ducasse par la “voix du micro”, nous les gosses de rues, profitions aussi énormément  de ce bizarre et obscur labyrinthe pour y jouer à cache-cache sous le plancher ! 

Que de souvenirs de gamins !   Avec un clin d'oeil à Serge, car son papa n'a-t-il pas fait partie ou présidé le comité ? 

25 janvier 2021

Du vrai lait de vache

Si à l’heure actuelle, le lait s’achète en briques de carton étanche ou dans une bouteille en plastic qu’il convient de recycler, autrefois, (une petite dizaine d’années après la Libération) le lait se vendait... au pie de la vache. Ainsi pour dire, immédiatement aussitôt la traite terminée... pour ne pas reprendre l’expression “au cul du camion” , c’est-à-dire qu’il faut payer la marchandise livrée au camionneur avant qu’il ne parte. (terme utilisé dans le monde des briqu'teux )

Avec ma soeur aînée, j’aimais aller acheter presque quotidiennement les deux litres de lait nécessaire pour toute la famille. La petite ferme, où Louis et Gabrielle élevaient une demi-douzaine de vaches à lait, se situait à peine à un kilomètre de la maison. Une petite marche qui nous amusait follement, tout en découvrant la pureté intacte du paysage bucolique, au temps de notre prime jeunesse.

A l’étable, les grosses bêtes devaient savoir qu’il était l’heure de la traite. Quelques unes beuglaient Etait-ce de contentement d’avoir donné leur lait ou d’impatience à être tirées aux trayons.
Assise sur un petit tabouret à trois pattes en bois, Marcelle, en collant une joue contre la panse du bovin, trayait énergiquement les mamelles en faisant gicler le lait dans le seau qu’elle maintenait entre les pieds, une précaution nécessaire car la vache pouvait subitement s’agiter des pattes arrière au risque de renverser récipient et perdre le précieux liquide. Quant à la queue de la vache, la fermière, prudente et méfiante, la liait autour de l'arrière-train  pour ne pas l’attraper dans sa figure.

La traite terminée pour une vache, il fallait procéder à la suivante. Tandis que la mère-fermière s’occupait de récupérer le lait encore tiède pour le passer à travers un tamis. Nous n’aimions pas voir ce filtrage car nous pensions à tort que ce geste servait à “récupérer le beurre”.
Puis, sans façon, Gabrielle versa dans notre bidon en aluminium les quatre pintes de lait pour deux litres, plus... la “goutte pour le chat”, comme on disait jadis. Nous n’avions plus qu’à payer quelques francs. Au retour à la maison, on s’amusait faire tourner le pot de lait par dessus la tête en se demandant pourquoi le lait ne tombe pas hors du bidon ???

J’ignorais les lois de la force centrifuge !

 


24 janvier 2021

Ramasser les patates

De l’époque dans laquelle je me replonge avec les inoubliables souvenirs de ma prime jeunesse, il n’y avait ni “cheeps en sachets de 100 grammes” ni “pommes de terre en filets de 5 kg” vendus dans les “grandes surfaces”.

Les patates... car c’est de ces tubercules qu’il s’agit ! Elles n’étaient pas arrachées et ensilées automatiquement par d’énormes machines avec tapis roulants qui assurent la récolte d’un grand champ en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire.

Dans les jardins, autrefois, les courageux bons petits jardiniers enlevaient leurs pommes de terre, à la main, à l’aide d’un outil “quatre dents” pour ensuite les ramasser et les mettre dans une “banse” (= grand panier en osier). Les fermiers, eux, comptaient sur leur cheval et l’assistance de leur ouvrier de ferme, de voisins ou de quelques amis pour ramasser ces précieuses bintjes.

Quand les feuilles sont bien fanées, l’agriculteur arrive son animal costaud qui tracte la vieille “arracheuse” rouillée... mais qui fonctionne toujours grâce à la graisse tartinée sur les rouages. A l’arrière, de grosses griffes rotatives tournent lorsque la machine avance tout en arrachant les tubercules hors de terre pour les projeter à 2 mètres sur le côté.

C’est alors que, par petites équipes, nous intervenions pour ramasser ces belles et fraiches pommes de terre et en remplir des seaux. Pleins, il ne suffisait plus qu’à verser le contenu dans de grands sacs de 50 kilos. Une indélicate envie nous prenait parfois pour acélérer le remplissage en y ajoutant quelques grosses mottes de terre ! Une tricherie contre laquelle le fermier était très attentif et sévère. Mais on la conscience tranquille encore aujourd’hui, jamais nous n’avions joué à ce jeu-là.
Il nous payait à 5 francs belges le sac bien rempli et lorsqu’il était chargé sur son tombereau.

Combien de sacs avons-nous remplis ?... ma mémoire fait défaut. Mais le charme de ces journées en pleine nature m’inciterait à encore y aller... quoique ce boulot n’existe plus.



 

22 janvier 2021

Construisons un camp

Les ‘grandes vacances’ d’été nous offraient du temps libre à ne plus savoir qu’en faire. L’ennui nous guettait.

L’un de nos passe-temps épiques étaient ces rassemblements en tout petits groupes par quartier pour nous imaginer des épopées guerrières qui demandaient de la discrétion et de la protection.

Certes oui, jouer à l’abri du regard des parents doublait notre plaisir. C’est la raison pour laquelle nous nous dirigions souvent au bout de cette rue en cul de sac et où se dressait ce bel édifice religieux entouré d’un terrain vague et d’une prairie où broutaient quelques vaches.

L’église du Bizet, premier ouvrage dessiné par l’ architecte yprois Coomans, construite toute en briques rouges, se trouve embellie par de nombreux contre-forts consolidant les murs des absidioles et du transept.  Seulement, entre ces éléments architecturaux, on découvre de nombreux petits endroits discrets propices aux cachettes.


Quelques mètres plus loin, un tas de vieilles pierres et des pavés oubliés trainaient là au milieu d’orties et d’autre grabat.

Notre imagination fertile ne tarda jamais à nous donner l’idée de construire un rempart afin de nos protéger d’un éventuel ennemi : une bande de garnements venus d’un autre quartier.

Quel génial stratège, le plaisir ne fut pas gâché : avec courage mais aussi avec désordre, nous récupérâmes des pavés et montions un mur, sans ciment, avec tous les risques qu’un lourd bloc de pierre nous écrase les orteils.

Cette occupation était bien sûr interdite par le curé qui avait confié la surveillance du pourtour de l’église à une paroissienne riveraine, propriétaire des quelques bêtes mises en pâture.

Bien dissimulés dans notre petit “château-fort” à peine terminé, que soudain, l’un de nous apercevait Martha, bâton à la main, traversant la prairie, s’approchait à grands pas en nous hélant d’avertissement.

- “V’la Martha !” cria-t-on.... Au lieu de préparer notre défense face à l’assaillante, nous prenions nos jambes à notre cou pour détaler comme des lapins froussards !

Finalement, nous étions tous fin contents ! Espiègles, nous l’étions, oui ! Désobéissants ? Non ! Farceurs ? Oui... c’était un peu notre but : déranger le monde des adultes.

21 janvier 2021

T'as un sou pour la chaise ?

Autrefois, alors que la pratique religieuse imposait la fréquentation “obligatoire” de la messe dominicale, les habitants du village se faisaient un plaisir et un devoir d’enfiler les “habits de dimanche” pour se rendre à la grand-messe programmée pour 10 heures.

Le beau costume bien brossé, le col de chemise amidonné, une cravate du plus bel effet, le pantalon bien repassé telle était la tenue pour les hommes qui ne pouvaient surtout pas oublier la petite monnaie dans le fond de la poche.
Les dames se souciaient surtout de paraître sous leurs plus beaux atours pour celles qui en avaient les moyens : le dernier tailleur enjolivé par les vieux bijoux de famille, le sac à main pour remplacer les poches, et surtout la coiffe couronnant la personnalité. Pour les autres, celles qui ne se prenaient pas pour “madame chapeau”, le fichu couvrant les cheveux et la vieille gabardine suffisaient amplement. Cachés dans une des poches, le porte-monnaie, le livre de messe ou le chapelet étaient les objets indispensables pour être une bonne paroissienne.
Après une bonne dizaine de minutes, lorsque tous les retardataires étaient bien arrivés et avaient pris place dans l’une des nefs, souvent dans le fond de l’église pour faciliter le bavardage, le “chaisier” commençait son tour entre toutes les rangées de chaises.
S’il était corpulent, grisonnant, avec une belle moustache, il s’arrêta devant chacun des fidèles assis, en leur tendant la main dans laquelle les gens y déposèrent une pièce trouée, 25 centimes, en guise de “location pour la chaise qu’ils occupent”.
Il se prénommait Jules, un retraité dévoué qui chaque dimanche, était fidèle à sa mission : ramasser les sous de la chaise. Et personne n’aurait osé ne pas vouloir payer !

Tandis qu’il n’avait pas encore terminé sa tournée, de l’autre côté de la nef, un autre paroissien bénévole commençait la quête à l’aide d'un récipient à poignée, en cuivre, qu’il passait entre les rangs de paroissiens qui “mettaient ce qu’ils voulaient”, tandis que le quêteur murmurait entre les dents un discret et répété “M....ci”. Filous, certains y déposèrent... un bouton, d’autres se limitaient à taper du doigt le fond de la “casserole”. Généreux, de rares paroissiens y déposèrent généreusement un billet qu’ils déployaient ostensiblement à l’arrivée du quêteur.

Au fil des ans, cette coutume paroissiale a petit à petit disparu.



19 janvier 2021

Les gosses de rue

Après l’école et le goûter, les écoliers s’empressaient d’accomplir leur petit devoir à écrire sur le cahier de brouillon. Cette petite besogne scolaire achevée,... il n’y avait pas de télévision à l’époque pour leur capter l’attention et les initier à l'ennui !

Par quartier, les garçons avaient l’habitude d’aller “trainer les rues"qui leur appartenaient. Les automobiles étaient tellement rares qu’ils pouvaient occuper toute la largeur de la chaussée recouverte de cailloux et de “nids de poule”.
Même constat pour les filles avec qui les garçons ne partageaient aucun jeu. Surtout lorsque celles-ci se prenaient pour des mamans avec des poupées trop mignonnes.

Ils jouaient aux cartes, au “pot” pour gagner quelques petites images récupérées des tablettes de chocolat ou biscuits. Ou ils jouaient aux billes pour en gagner ou...en perdre selon leurs capacités à bien  “tiquer”. 

Pendant la Grande Boucle, les jeunes supporters d’Ockers ou Branckaert réorganisaient le "Tour de France” sur le trottoir, selon un itinéraire tracé à la craie. Chacun disposait de son “petit coureur” en métal, comme un soldat de plomb, qui prenait le départ et qui avançait selon des dés. 

Autre occupation palpitante : pour ceux qui pouvaient déjà rouler à vélo, il y avait les "tours à mobylette" produisant d'interminables pétarades dans le quartier. Avec des pinces de bois, on accrochait des cartes à jouer sur les tringles des garde-boue. Les rayons frottant ces cartons rigides avec un agréable potin, on se prenait pour de vrais motards assourdissants sur le parvis de l'église, tout en frôlant les vespasiennes.

Hélas, tous ces merveilleux souvenirs d’enfance s’estompent ! Je voudrais tant  pouvoir sourire de ces scènes ludiques comme que je les ai vécues mais les gosses d’aujourd’hui ne les connaissent pas. Ils n’ont plus le temps...




18 janvier 2021

Allons pêcher l’épinoche

Durant les grandes vacances d’été, tandis que le soleil nous (= mes frères et moi) incitait à profiter de ces journées estivales, nous aimions partir à la pêche, comme papa en était un fervent adepte.

Cependant, notre méthode n’était pas du tout comparable. C’est nous qui l’avions inventée.

- “Et si on allait pêcher à la Rabecque”... cette impressionnante drève de peupliers traversée par un bucolique ruisseau, laissant couler une eau limpide dans laquelle se faufilaient des nuées d’épinoches.

Bricoleurs, nous récupérâmes un vieux sac vide en jute, liâmes des cordes aux quatre coins, dénichâmes un vieux récipient et nous voilà partis tout heureux de passer “un après-midi au bord de l’eau” dans l’espoir de ne pas revenir bredouille.

Près du cimetière anglais jouxtant le ruisseau, on s’installa en laissant s’immerger notre filet de fortune jusqu’au moment où d’importants groupes de ces minuscules poissons y passaient par dessus.

- “Hop.. on lève le sac d’un coup !” et les voilà presque tous capturés en se débattant frénétiquement.
Du bout des doigts, on les récupèra délicatement pour les plonger dans notre bassine, mais, oh surprise, ces innocentes petites bestioles savent se défendre hardiment en sortant leurs trois épines très piquantes dissimulées dans les nageoires.

- “Ooh, les méchantes petites bêtes !”... Ce fut notre première leçon de zoologie !



17 janvier 2021

Il faut faire attention à ce qu'on raconte !

 A Ploegsteert, il existe un centre d'interprétation de  ce qui s'est dit et fait pendant la tourmente de 14-18

Dans ce blog, j'essaie d'interpréter les souvenirs que j'ai gardé depuis ma plus tendre enfance.

Mais, mais... sur FaceBook, un ami et suppôt de Satan... s'est amusé à raconter une anecdote vécue(?) dont  j'ai emparé l'idée pour en faire un petit dessin.

Question : à l'époque... (1950... et plus) l'autodérision était-elle permise ?  C'est le meilleur remède contre l'hypocrisie !

Merci Martin pour ce bon commentaire, même s'il est mensonger. Quoi que, après tout,...





Aller à communion !

Pour enchainer sur la confession, voyons le sacrement de l’ Eucharistie !

Encore un terme qu’on utilisait fréquemment il y a 70 ans !

Cela consistait en quoi ?
C’est simple : aller à communion, c’est-à-dire, sur la fin de l’office de la messe, les fidèles sont invités à s’avancer vers l’autel pour recevoir l’ hostie consacrée : un petit rond de levain comestible à avaler. Loin de moi l’envie de disserter sur le sens et la signification de ce geste liturgique.

Mais autrefois, “aller à communion” se déroulait selon un rituel très strict qu’on n’accepterait plus aujourd’hui pour causes hygiéniques et sanitaires.

Au moment venu, les paroissiens désireux de communier, s’avançaient vers le choeur séparé du transept par un long banc haut d’un petit mètre, recouvert sur le devant d’un tissu blanc. Devant ce banc, se trouvait un long coussin sur lequel on pouvait s’y agenouiller. Les communiants, calmement, y prenaient place. Discrètement, ils glissèrent les mains sous le voile blanc attendaient recueillis que le curé s’approche avec le gros ciboire contenant les hosties.
Alors à chacun son tour, le prêtre, tout en murmurant des prières, donna la communion tandis que le fidèle ouvrait la bouche, sortait la langue sur laquelle le célébrant déposait l’hostie. Si par mégarde, elle tombait, le tissu blanc maintenu par les mains servait à la recevoir.

Mordre l’hostie était interdit, de même que la toucher des doigts. Ces gestes proscrits par l'Eglise étaient considérés comme sacrilège. Fallait-il alors les avouer lors de la confesse suivante ? A chacun de voir.. avec sa conscience.




15 janvier 2021

Aller à confesse !

La vie au village d’autrefois se rythmait essentiellement selon les horaires des nombreux offices religieux. Avec fidélité, les paroissiens assistaient aux messes dominicales matinales célébrées à trois reprises... suivies dans l’après-midi des vêpres et salut !

Mais pour mériter le “salut éternel”, présenté comme le “bonheur paradisiaque” à l'inverse de "l'enfer", il fallait entretenir la pureté de l’âme en se présentant régulièrement au confessionnal pour obtenir le pardon de ses fautes.

- “C’est quoi, un confessionnal ?” me demanderaient mes petits-enfants ?
Ceux de mon église ressemblent à une grande armoire, divisée en trois parties : un “cagibi” central, dans lequel le curé pouvait s’y asseoir, caché derrière des petites portières à rideaux. A gauche et à droite, deux petites loges discrètes dissimulées elles aussi derrière une tenture, et dans lesquelles le fidèle pouvait s’y agenouiller, la tête presque collée contre une grille de bois .

Lors des séances du sacrement de pénitence, les gens attendaient leur tour pour entrer d’un côté ou de l’autre dans le silencieux mais chuchotant confessionnal.
Soudain, deux bruyants glissements se font entendre. C’est le curé qui ferme la grille d’un côté et ouvre l’autre. Dans la pénombre de cette sombre grande “armoire” ornée en chêne, le prêtre apparaît, pensif. Il se tient la tête sans regarder qui se présente de l’autre côté de la grille en bois.
- “Je vous écoute, mon enfant !”
Alors commence le monologue du pénitent qui avoue ses péchés, même ceux qui ne le sont pas, ainsi que ceux qu’il invente lorsqu’il n’a rien à se reprocher et termine son examen de conscience en demandant pardon.
Le curé enchaine en tirant une conclusion, en récitant l’absolution et en infligeant une “pénitence” :
- “Vous me réciterez un pater et trois avé”.

Après quoi, on pouvait sortir de ce genre d’isoloir, tout propre avec sa “grâce sanctifiante”.
Ce passage par la confession était obligatoire avant tous les autres sacrements comme la communion, la confirmation, le mariage, l’extrême onction...parce vivre en état de péché mortel supposait... conduire aux flammes infernales ! Ce rituel ne se conçoit plus, aujourd’hui !